L'histoire :
Un chien limier surnommé Knacky fait ses besoins sur une armure de chevalier qui s’avère être la cachette du sergent Bonvoisin. En s’échappant du théâtre, il a fait voler en éclats un certains nombre de pièces du château ainsi que la magnifique serre. Il tente de s’éclipser mais l’armure grince, et il se voit obligé de voler un scooter électrique. Les soldats déclenchent un C.I.F.B.A.Z.C. (un Cas d'Intrusion de Forces Belligérantes Armées dans la Zone de la Commanderie). Bonvoisin leur échappe avec malice, mais il se retrouve projeté dans les sous-sols du palais, où il apprend beaucoup d’informations… Pendant ce temps, dans les hauteurs du château, les ministres parlent de la pluie et du beau temps durant un conseil où le grand chancelier fait la litanie des avanies subies par le château et ses occupants, qui s’ajoutent à la disparition de la reine et de sa dame de compagnie, demoiselle Florimonde. Le roi est inquiet, d’autant que c’est le moment choisi par Ambroise pour sortir de sa retraite forcée pour essayer de reprendre la main sur le conseil des ministres. Le roi le renvoie avec fermeté à sa disgrâce dont il n’a pas purgé la totalité de la période. C’est le moment que choisit Ambroise pour lui laisser entendre qu’il sait que les coffres sont vides. Le doute s’installe dans l’esprit du roi…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Quel héros, ce Bonvoisin ! Le voilà qui, après avoir été un page, se carapate en chevalier, en fantôme, en courtisane, sur un scooter électrique, un ascenseur, dans les tuyaux de buanderie, sur un triporteur de la police… Bref, il est plein de ressources pour retrouver son fidèle lieutenant, Baltimore, lui-même disparu alors qu’ils étaient à la recherche de la reine (enlevée ?). Ce nouveau tome de la Nef des fous est proprement haletant. Turf nous balade dans l’ensemble de ce château élastique, protéiforme, insondable et fendu en son centre d’une crevasse légendaire. Le scénar se déroule lentement, sujet à de multiples rebondissements qui intriguent le lecteur. Le séquençage est magique et offre une variété de plans incroyable, où l’œil suit des circonvolutions complexes et raffinées. Raffiné, encore et toujours, le langage de Turf. Les dialogues comme les récitatifs déploient des trésors de bon goût où une prose surannée côtoie des expressions triviales, ce qui entraîne invariablement sinon le rire, du moins des sourires. Les références sont nombreuses, au cinéma, à la littérature, aux séries même lorsqu’on apprend les noms innombrables aux accents Clémenceau-esques du super flic piégé au tome précédent. Fin, drôle, intelligent, beau, on ne s’en lasse pas… Vivement la suite.