parution 06 avril 2011  éditeur Delcourt  collection Histoire & Histoires
 Public ado / adulte  Mots clés Historique / Religion / Renaissance

Le pape terrible T2

Jules II

Vatican, 1504. Le terrible pape Jules II a pour ambition d’asseoir sa suprématie sur le Saint-Siège. Oui mais voilà, son fidèle et discret amant, le jeune Aldosi, nourrit le désir secret d’un amour au grand jour… Une suite plaisante, pas plus.


Le pape terrible T2 : Jules II (0), bd chez Delcourt de Jodorowsky, Caneshi, Bossard
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  • Scénario Yellow Star Yellow Star Grey Star Grey Star

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  • dessin Yellow Star Yellow Star Yellow Star Grey Star

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©Delcourt édition 2011

L'histoire :

Aldosi, l’amant du pape Jules II, se rend chez une grand-mère adepte de magie. Il veut un philtre qui puisse rendre fou d’amour le pape. Une fois la potion préparée, Aldosi repart avec l’ambition d’obtenir de Jules II tout ce qu’il désire. Et ça marche, puisque subitement, sous le coup d’une révélation divine, Jules tombe amoureux d’Aldosi à en perdre son âme : les désirs du jouvenceaux deviennent alors des ordres. Le jeune éphèbe en profite pour faire sa demande. Il souhaite être reconnu comme l’amant officiel du pape, à la face du monde entier. Trois jours après, le pape organise donc une petite fête et invite les membres de sa famille proche pour leur annoncer sa liaison. Clemente, Leonardo, Sisto, Guidobaldo… ils sont tous là. Une fois présentée Julienne première, la très sainte papesse, l’assistance s’insurge devant le sacrilège, tout en pensant que le pape a perdu la boule. Aussitôt, la famille se réunit en secret pour tenir un conciliabule. Le constat est unanime : Jules II a perdu la raison, il faut donc le ramener à la réalité en frappant là où ça fait mal… Aldosi, parfait coupable expiatoire, sera la prochaine victime collatérale des luttes de pouvoir… Entre manipulations et coups bas, le Saint-Siège se prépare à des lendemains qui déchantent…

Ce qu'on en pense sur la planète BD :

Le Pape Terrible, c’est un peu l’équivalent en BD du fameux livre de Machiavel Le Prince, la philosophie en moins, le sexe et le divertissement en plus. Sorte de petit traité du parfait traître soutenant l’idée que la fin justifie les moyens, la BD saura réveiller la soif de pouvoir et la volonté de puissance qui sommeillent en vous. Le propos est très clair : corrosif, l’exercice du pouvoir corrompt les âmes, les cœurs et les corps, en un joyeux ballet de faux-semblants. Entre manipulations, trahisons et copulation, les figurants se débattent avec leurs propres obsessions et ce, jusqu’au trépas. Ainsi Jules II, passé maître dans l’art du paraître et habité par une rapacité doublée d’un orgueil sans fin, préfère se jouer des autres en usant d’un machiavélisme à la douce cruauté. Résultat : c’est haletant et parfois drôle, mais aussi un brin lourd, tant Jodorowski verse de temps à autre dans ce qui ressemble à de la provocation gratuite d’ado. On voit un Jules II presque caricatural, éminemment cupide, capricieux, égoïste et versatile, souvent en train de forniquer avec tous les hommes qui passent, pour les jeter, voire les tuer aussitôt. Coté graphisme, le trait de Théo est toujours aussi racé et précis, les couleurs de Florent Bossart ajoutant une vraie plus-value à cette ambiance sulfureuse. D’une lecture agréable, la BD s’adresse aux amateurs de sensations fortes, car sexe, meurtres et poison se mélangent ici en un violent cocktail à la saveur toute fourbe. Les chantres de la rigueur historique devront en revanche passer leur chemin, car là n’est pas la priorité de Jodo. Après une entrée en matière pleine d’allégresse, le tome 2 fait un peu retomber l’enthousiasme, la faute à un ton parfois excessif et à un scénario répétitif, en tout cas n’apportant pas de réelle nouveauté. Et Machiavel de conclure : « Que le prince songe donc uniquement à conserver sa vie et son Etat : s’il y réussit, tous les moyens qu’il aura pris seront jugés honorables et loués par tout le monde »... A vous de juger.