L'histoire :
En avril 1840, dans la région des Four Corners (Nord-Est de l’Arizona), une tribu Hopi exécute une cérémonie rituelle de danse, avec les guerriers habillés de plumes en honneur de Kwahu, l’aigle sacré. Soudain, ils sont attaqués par une unité de cavalerie, qui ne leur laisse aucun répit. Un an plus tard, deux militaires rendent visite à Kate, une veuve qui vit seule avec sa fille simplette Elisa, dans une ferme au milieu d’une terre aride. Ils lui confient un bébé indien et lui demandent de l’éduquer. Kate hait les indiens depuis qu’ils lui ont massacré son mari et ses trois fils. Mais l’officier Brett lui dit qu’il y a une prime de 100 $ et il a même convoyé une vache pour le lait. Kate accepte vaguement de s’en occuper, mais elle prévient qu’elle n’y portera pas grand soin. D’ailleurs, dès la première nuit, elle dépose le nourrisson dehors, sous les pluies diluviennes, espérant qu’il attrape une pneumonie. Le lendemain matin, le bébé a disparu. Et pour cause : Elisa l’a mis à l’abri dans sa chambre. Les indiens locaux repèrent vite cette curieuse adoption d’un bébé indien par une blanche et ils envoient deux flèches contre la ferme, qui signalent leur protection sacrée. Kate est étonnée… mais elle finit par élever le gamin. Elle apprendra qu’il est le fils d’un roi indien massacré par les blancs et qu’il a un frère jumeau, semi-blanc, éduqué par les indiens…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L’Ouest sauvage bénéficie d’une sublime mise en valeur dans ce western prévu en diptyque, à travers le dessin réaliste et expert d’Eugenio Sicomoro. Les paysages panoramiques du désert de l’Arizona sont virtuoses, grandioses, apaisants et inquiétants. Les protagonistes se dévoilent dans des accoutrements documentées, qu’il s’agisse des indiens comme des soldats de cavalerie. Au scénario, Makyo laisse astucieusement une grande part à la narration graphique du maestro italien, avec des séquences muettes qui nous laissent nous imprégner de la rudesse des mœurs, façon Sergio Leone dans ses chefs-d’œuvre du 7ème art. En somme, l’immersion dans un western en cinémascope est totale. Comme souvent chez Makyo, une part d’ésotérisme s’immisce dans le scénario. Notre bébé indien confié à l’éducation d’une blanche semble obéir à un destin cruel et vengeur tout tracé, auquel s’opposera peut-être celui de son frère jumeau, un enfant semi-blanc, à l’apparence de peau monstrueuse. Ce premier tome riche en tensions psychologiques met en place les éléments et les personnages, jusqu’à l’âge ou le petit indien appelé « Dead Smile » (tout un programme !) devient un redoutable guerrier adulte. L’ambiance étouffante ainsi que la dernière scène en cliffhanger donnent largement matière à s’inquiéter pour la suite.