L'histoire :
1751. Piégée à bord de la caravelle de Sandor Weltman, tandis qu’elle cherchait à l’assassiner, Cylinia de Roquebrune a été obligée de faire la traversée atlantique à son bord. Mais une fois dans la jungle amazonienne, la donne a changé. Cylinia est désormais prisonnière d’un aventurier allié des indiens Guarani. En transe sous l’effet de drogues, elle révèle à la tribu sa nature strygienne et les indigènes se mettent dès lors à son service. L’aventurier, nommé Victor Lassalle, lui raconte qu’il est un ancien médecin, répudié par ses pairs en raison des écarts « éthiques » de sa pratique. Lui aussi obéit aux stryges, qui lui ont prédit avoir un rôle à jouer, notamment en tant que protecteur d’une mystérieuse météorite. Cylinia scelle donc un pacte d’alliance avec Lassalle, pour contrer Weltman. Ce dernier et sulfureux personnage se trouve alors à quelques lieues de là, sous le nom d’emprunt du baron d’Holbach. Il est libéré de la troupe du cardinal d’Orcières, par une autre tribu d’indiens, séduits par son « esprit des lumières ». En compagnie de son homme de main Lubeck, il explore ensuite la mine où la météorite a été découverte. En effet, à en croire les traces sur le sol, la pierre aux vertus mystérieuses serait toujours cachée à l’intérieur. Ce qu’ils découvrent au fond d’un puits, dépasse l’entendement…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Second volet (sur 6 tomes prévus) du cross-over de la saga des Stryges au siècle des lumières. A travers la jungle amazonienne et ses entrailles dantesques, nos protagonistes antagonistes (Weltman d’un côté, les Roquebrune de l’autre : voir Le clan des chimères et le Chant des Stryges) poursuivent leur course pour la possession d’une météorite aux puissantes vertus. Même si leurs traces planent sur les pistes suivies par nos héros, les Stryges en tant que protagonistes restent pour le moment éloignés des évènements. L’intrigue avance doucement mais surement, au rythme des captures, des explorations, et surtout des nombreux palabres, lors desquels chacun y va de son petit orgueil. Et c’est bien là, pour le moment, l’aspect le plus agaçant du cycle : on se nargue, on se menace, on se donne des leçons d’humanisme, avec des airs hyper convaincus… sans donner au lecteur une raison bien cohérente des motivations de chacun. Tous sont plus ou moins contre les Stryges, or tous ont pourtant un jour subi leur allégeance. Néanmoins, il n’y a pas grand-chose à reprocher à la forme : l’opus est rythmé, les dialogues soignés et le dessin de Michel Suro parfaitement dans la lignée de celui de Richard Guérineau sur la série mère. Sa mise en images de ces chassés-croisés tropicaux, rehaussée de la colorisation experte de Luca Malisan, accorde tout le plaisir de lecture nécessaire à la poursuite de la série. A noter que Florent Germaine, coscénariste de L’écorché (avec Giroud) est crédité en tant que « consultant » (parce qu’il est archéologue de formation ?).