L'histoire :
En 1751, au cœur de la forêt amazonienne, par une averse diluvienne, un groupe d’indiens travaille au fond d’une mine. Mais il est déjà trop tard pour évacuer : un torrent de boue fait s’effondrer une galerie, mettant à jour une étrange pierre ressemblant à une météorite. Leur commanditaire, un français dénommé Lubeck, prend alors la mesure de l’importance de cette découverte. Il fait fermer et garder l’entrée de la galerie par 10 hommes en armes et prend le premier bateau pour le continent, un fragment du caillou en poche. Un mois plus tard, quand il arrive enfin, il dérange le baron d’Holbach en plein dîner. Cet érudit écrivain et athée, qui œuvre sur l’Encyclopédie de d’Alembert et Diderot – et qui n’est autre que l’immortel Sandor Weltman – accueille son homme avec déférence et recommande le placement du fragment dans un coffre fort. Puis, alors qu’il congédie ses invités, un inconnu masqué assomme Lubeck et prend la fuite en emportant le fragment de météorite. Par l’entremise d’un mystérieux cardinal, la pierre atterrit entre les mains de Cylinia et Abeau de Roquebrune, eux aussi immortels, eux aussi en quête de vérité sur… les Stryges. Les jours qui suivent, ces derniers sont sur le départ, sur une caravelle du port de Nantes, surveillant fiévreusement à distance le départ de d’Holbach-Weltman pour le Brésil…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Au revoir Le clan des chimères… bonjour Le siècle des ombres ! A travers cette nouvelle série annoncée en 6 tomes, Eric Corbeyran conforte son grand œuvre tentaculaire autour des créatures mythiques que sont les Stryges. Rapide calcul chronologique : 6 Clan des chimères + 6 Siècle des ombres + 18 Chant des Stryges + 6 Maître du jeu + 3 Hydres d’Hares… à terme la saga fantastique complète est donc prévue en 39 volumes (pour le moment…). Démentiel ! Evidemment, inutile d’espérer comprendre grand-chose si vous avez loupés les séries associées (ah oui, on croise les Stryges dans Asphodèle aussi…). On retrouve donc ici les Roquebrune frère et sœur, le mystique Sandor Weltman et bien sûr la figure démoniaque du Stryges, sorte d’ange ténébreux et surpuissant, qui régirait la marche de notre civilisation. Pour le moment, tout ce petit monde s’affaire, des salons parisiens aux forêts du Brésil, autour d’une météorite dont on ignore encore le potentiel et l’origine. Le récit de Corbeyran est professionnellement rythmé quoiqu’un peu bavard (mais les dialogues sont soignés). C’est l’occasion, surtout, de découvrir l’immortel Weltman sous un autre jour, étonnamment emprunt de la philosophie tolérante et humaniste du « siècle des lumières » (dont le titre fait inversement référence). Le plus emballant provient sans doute du dessin de Michel Suro, qui plagie désormais de manière singulière le style graphique de Richard Guérineau ! Sous son crayon, Sandor Weltman EST Sandor Weltman, et la jonction entre Le clan des chimères et Le chant des Stryges est parfaitement cohérente. Conclusion : cet épisode pilote très « pro » est parfaitement intrigant, même si on désespère de voir le bout, un jour, de cette vaste saga fantastique du 9e art…