L'histoire :
L’heure bleue : Le crépuscule s’étend paisiblement aux abords de l’étang où réside Rat, au terme d’une chaude journée d’été. Etendu dans l’herbé, Taupe aperçoit son ami rongeur revenir de la ville, où il a passé la journée à s’enquérir de la condamnation de Crapaud. Le cas de ce dernier semble désespéré : pas la moindre issue pour l’en sortir avant les 20 ans requis. Mais ce qui inquiète le plus Rat, c’est que le fils de Loutre a fugué de chez lui. Lui et Taupe se lancent dans une promenade nocturne, en barque, à la recherche du garnement…
Crapaud et Barreaux : Écroué pour 20 ans, en raison de sa démence automobile, Crapaud se lamente à chaudes larmes dans sa cellule. De quoi apitoyer la fille du geôlier, qui apprécie ses bonnes manières. Au fil des mois et de ses visites, elle se prend en effet de tendresse pour ce personnage folklorique, jusqu’à lui imposer (presque) un plan d’évasion : Crapaud va se déguiser en blanchisseuse et sortir tranquillement par la grande porte…
Sur la route, encore… : Crapaud a réussi son évasion. Mais après avoir sauté d’un train en marche, il se retrouve un peu perdu en pleine cambrousse. Le long d’un canal, il fait donc du péniche-stop, en se faisant toujours passer pour une blanchisseuse…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A la fin du précédent épisode, nous avions laissé notre ami Crapaud enchainé au fond d’un cachot, lourdement condamné pour crise de démence automobile. Ce troisième opus se concentre donc logiquement sur son évasion. Mais en premier lieu – et histoire de bien nous faire mijoter – Michel Plessix consacre un chapitre entier à la fugue du fils de Loutre. Cette parenthèse (nécessaire ?) permet de renouer d’emblée, et à 200%, avec la poésie champêtre et l’onirisme qui font le charme de cette série animalière pour enfants. Après le temps du lyrisme, le suspens est donc de retour : les deux autres chapitres de l’opus focalisent donc sur le truculent Crapaud, qui prend la clé des champs. Une bonne chose de faite, certes, mais quelle vie tumultueuse s’est-il donc ménagée ! Comme d’habitude, les humeurs et les réflexions des personnages sont narrées par la voix off littéraire, distante et distinguée de Plessix, inspiré du roman de Kenneth Graham. Surtout, la maestria graphique de Plessix illumine une nouvelle fois les planches de ce troisième opus. La quasi-totalité des cases, croustillantes et tendres à la fois, s’appuyant sur des myriades de détails bucoliques, sont des leçons de construction et d’équilibre. Dommage que le petit format d’édition ne fasse guère honneur aux splendeurs de l’œuvre.
