L'histoire :
Au début de l'année 1945, les fronts se multiplient autour de l'Allemagne nazie. Le territoire est bombardé, les hauts gradés comprennent que la défaite est de plus en plus probable. Lors d'un briefing dans la chancellerie, le Maréchal Keitel se fait très vite contredire par le Führer lorsqu'il décrit l'ampleur de l'assaut qui converge. Quiconque doute de la force de l'Allemagne se fait accuser de défaitisme et de trahison. Les citoyens qui ont écouté des radios ennemies ou douté en public de la victoire finale sont pendus. Pourtant les bombardements font rage, avec une violence totale : Magdebourg est en partie détruite, Varsovie serait prise par l'armée rouge, Pest a été abandonné par les soldats allemands. Eva Braun arrive dans le bunker souterrain à Berlin. Goebbels, Goering, Guderian discutent stratégie avec Hitler, qui est prêt à déplacer les troupes vers les fronts les plus critiques, quitte à abandonner les villes sous les bombes alliées. Lorsque l'un de ses proches aborde l'idée de l'ouverture de négociations, il se braque et menace de représailles. Les exemples de débandade de troupes allemandes remontent au QG, des fusillades sont ordonnées, la fuite en avant est totale.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La première impression qui sort de la lecture de ces Cent derniers jours d'Adolf Hitler est celle de la violence inouïe des combats et des bombardements, des assassinats de prisonniers et des exécutions sommaires. Paradoxalement, on prend conscience, avec cet angle de lecture depuis le QG du Führer, de la violence subie par les habitants de villes allemandes détruites sous les bombardements massifs. Il y a peu d'héroïsme dans ce récit, mais les conséquences de la folie et de la barbarie nazies qui se retournent contre le peuple allemand. Les obsessions d'Hitler et son enfermement total dans ses certitudes sont bien mis en scène, avec une multitude d'échanges qui montrent ses proches tenter de lui faire comprendre l'inévitable défaite. L'autre axe principal de l'album est le déroulé de ces premiers mois de 1945, avec de nombreuses références à des villes bombardées, aux drames qui se déroulent dans les camps de concentration, à des moments clés de l'histoire. Un inventaire un peu trop complet pour permettre d'en mesurer la profondeur. Trop d'évènements sont racontés sur une page à peine, comme s'il avait absolument fallu les évoquer. Le scénariste Jean-Pierre Pécau qui s'appuie sur le livre de Jean Lopez a visiblement voulu être fidèle au travail remarquable de l'historien, une contrainte qui se ressent à la lecture. Très dense et très instructif, le récit est par ailleurs remarquablement illustré, ce qui donne au final un témoignage historique fort, sans artifice narratif. Un retour sur notre passé qui fait en outre terriblement peur, tant il décrit avec force détails l'impact dévastateur de la folie d'un dictateur.