L'histoire :
Ce matin-là, comme tous les matins, le commissaire Crassoulet arrive au boulot en sifflotant. Il jongle avec son parapluie, appuie sur le bouton de l’ascenseur avec un orteil, ouvre la porte de son bureau avec son popotin et lance son chapeau sur le porte-manteau. Il est comme ça, Crassoulet : détendu et jovial. Il ne manque pas de saluer son collègue, le célèbre inspecteur Harry et son gros gun, en poster derrière lui. Plus tard, en plein stress, Crassoulet réclame des tas de documents à son adjoint César : les dossiers de l’affaire Moulineau, les comptes rendus de l’enquête Merlot-Guichard, les pièces à conviction du dossier Boussicot… Et il réclame qu’on ne le dérange sous aucun prétexte. César croit que son chef tient une piste sérieuse qui explique et entrecroise les trois affaires ! En réalité, Crassoulet se sert des épais dossiers et des pièces à conviction (un oreiller, un ventilo et des babouches) pour se réserver une petite sieste au calme. Plus tard, alors que César et Crassoulet sont de sortie sur le terrain, ils mettent au point un code complexe, au cas où ils seraient espionnés. Il s’agit dès lors de dire exactement l’inverse de ce qu’on veut dire. Mais alors cela devient extrêmement compliqué de ses comprendre…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Sous la férule de Vincent Odin et d’Olivier le Bellec (deux nouveaux venus dans le paysage de la BD), le Commissaire Crassoulet est un policier zoomorphique diamétralement opposé au ton cafardeux de son grand cousin Blacksad. Petit et chétif, Crassoulet exerce en effet dans la joie, la décontraction et la bonne humeur, pour ne pas dire mu par un sens aigu de l’irresponsabilité et un flair bien en-deçà de la moyenne. De fait, au cours des 46 gags en une planche qui composent ce recueil, il n’hésite pas à faire preuve d’imagination ou à recourir aux gros coups de bol pour parvenir à boucler ses enquêtes. Il a une tronche de renard – son adjoint César est un chat bleu – il est gourmand, il est plutôt sympa et il a une fâcheuse tendance à se faire choper par son chef (un éléphant) dans des situations désastreuses. Le trait de dessin est caricatural et stylisé, parfois tremblotant, mais cohérent et maîtrisé sur la longueur, dans tous les cas très dynamique, avec une colorisation de teintes fortes au lavis. Si toutes les situations ne sont pas hilarantes, il faut reconnaître que les auteurs savent se renouveler et qu’ils ont le sens du rythme et de la chute.