L'histoire :
A notre époque, une guerre ravage une nouvelle fois les Balkans. Belgrade est sous le feu d’une pluie de bombes, qui oblige chaque nuit la population à se réfugier dans des souterrains. La famille d’Aleksandar, mathématicien, n’échappe pas à la règle, alors même que sa fille Katya vient tout juste d’être transplantée d’un nouveau rein, prélevé sur sa femme. Aleksandar a pourtant inventé un logarithme révolutionnaire, qui pourrait limiter les ravages de la guerre sur la population civile… et une idée culottée pour la mettre en application. Son idée repose sur la théorie du chaos, qu’on résume souvent par « l’effet papillon ». Selon cette théorie, un simple battement d’aile de papillon peut provoquer une tornade de l’autre côté du monde. La modélisation atmosphérique d’Aleksandar réclame cependant d’avoir recourt à un super calculateur capable d’analyse une quantité prodigieuses de données météos en un temps limité. Or un supercalculateur de cette trempe, de fabrication américaine, se trouve à 160km au Nord de Moscou et un ami d’Aleksandar y a justement accès. Discrètement, il s’y rend et lance le programme d’Aleksandar à partir des données météo auxquelles il a accès. L’objectif est de provoquer un épais brouillard sur Belgrade afin de brouiller les ennemis dans leurs bombardements. Le résultat du supercalculateur établit qu’il suffit de broyer un bloc de glace à un endroit précis de la Mauritanie, à une heure précise. Aleksandar s’exécute aussitôt…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans cette nouvelle d'un Futur de Liu Cixin, le romancier chinois a quelque peu emprunté le principe de la « Psychohistoire » chère à Isaac Asimov (dans Fondation). Celle-ci permet de prédire / déduire l’avenir à partir d’une masse considérables de données statistiques issues du présent et du passé. Ici, c’est l’effet papillon basiquement météorologique qui est recherché. Cette théorie dit que « le battement d’aile d’un papillon à un endroit de la Terre est susceptible d’engendrer une tornade à un autre endroit ». Dont acte : le but est de créer des conditions climatiques spécifiques du côté de Belgrade, ville cible d’une terrible guerre, afin de brouiller les appareils ennemis. Ici, le personnage central, un mathématicien serbe et père de famille, a pondu un programme capable de calculer comment produire ce brouillard sur Belgrade. Il lui faut tantôt briser de la glace en Mauritanie, tantôt lancer un bâton de dynamite dans l’océan à l’Ouest du Japon. Ne cherchez pas à comprendre le rapport de cause à effet, c'est par définition chaotique ! Mais il lui faut aussi 3 autres trucs un peu compliqués : toutes les données atmosphériques du moment, un super-ordinateur et une sacrée bonne bande passante. Pas évident en temps de guerre ! Comme souvent dans les écrits de Liu Cixin, le pitch est piquant. Hélas, sa mise en BD rame, tant au niveau du rythme narratif que du manque d’attachement aux personnages ou du dessin réaliste certes très pro, mais académique et impersonnel. Les jolis reflets larmoyants dans les yeux de la fille malade du héros, au sein de cases toutes en pleine largeur, ne suffisent pas à lui accorder une personnalité. Des narratifs trop verbeux, collés sur des séquences auxquelles ils ne se rapportent pas, n’aident pas le lecteur à s’emballer pour le programme d’Aleksandar, pas plus que la fin en queue de. L’auteur complet et américain Dan Panosian, issu des comics, ne parvient pas à transcender la nouvelle du romancier chinois.
