L'histoire :
Wu Feng a été choisi pour devenir le premier ambassadeur d'une colonie d'un genre nouveau : quatre-vingt millions de personnes vont être cryogénisées dans un immense bunker souterrain et voyager ainsi à travers le temps, vers le futur. Il devra le premier sortir de son hyper sommeil pour évaluer, avec un groupe de scientifiques triés sur le volet, l'habitabilité du monde qu'ils découvriront. L'espoir est immense que l'humanité aura peut-être résolu les problèmes écologiques immenses que la Terre connait dans le présent. Compte tenu de la quantité d'énergie nécessaire, les migrants du futur n'auront que quatre possibilités de poursuivre leur voyage en cas de mauvaise époque choisie. Le départ a lieu le 1er mars 2030. Cent ans plus tard, la petite équipe de Wu Feng s'extrait de ses caissons, puis démarre le système de communication avec le comité temporel et décide de remonter vers la surface. Lorsque la porte s'ouvre, un groupe d'hommes et de femmes en uniforme les attend. A leur tête, le Président de l'Hémisphère Nord...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce nouveau tome des Futurs du Liu Cixin, c'est surtout le plaisir de retrouver Serge Pellé, trop rare dessinateur qui a illustré le formidable univers visuel d'Orbital. On retrouve son grand talent pour créer des mondes futuristes aux décors impressionnants, avec cette atmosphère si particulière créée par un trait léger, des couleurs subtiles aux techniques mélangées. Loin de la propreté clinique, plein d'une matière palpable, l'univers de Pellé est unique. L'idée des migrants qu'on expédie vers le futur est quant à elle tout simplement épatante, simple et évidente... à partir du moment où le voyage vers le futur est possible. De la science-fiction pure qui permet à l'auteur d'explorer les conséquences de cette arrivée massive de millions de personnes venues du passé dans des sociétés aux règles forcément différentes. La recherche d'une société compatible lorsqu'on fonce plusieurs siècles vers le futur nous fait imaginer les questions que se posent ceux qui quittent leur pays pour tenter d'aller vivre dans un autre, appréhendant la manière dont ils seront reçus. Sylvain Runberg utilise l'idée de l'auteur chinois Liu Cixin pour mettre en scène ce voyage vers le futur avec un scénario droit et linéaire, et des dialogues fonctionnels. Il « fait le job » pourrait-on dire en évitant d'y apporter une touche personnelle trop forte. Il compte visiblement sur l'idée en elle-même pour accrocher le lecteur, et bien évidemment sur le talent de son dessinateur. La lecture est totalement dépaysante, le format du one-shot est cela dit un peu frustrant au vu de la richesse de l'idée. Le livre d'origine de Liu Cixin est un recueil de nouvelles dont on imagine qu'il multiplie les axes du concept de transfert de populations vers le futur. C'est un axe qui a été choisi pour cette adaptation. En tout cas l'expérience est prenante, épurée par le choix scénaristique de privilégier l'action. Un très bel album cependant, qui donne très envie de retrouver le dessinateur d'Orbital dans de nouveaux projets.