L'histoire :
En 1771, dans la lande du nord de l’Angleterre, la famille Earnshaw adopte un petit bohémien, Heathcliff, au sein de son manoir des Hurlevent. Mal élevé, toujours enguenillé et crasseux, Heathcliff bénéficie de la protection du patriarche, jusqu’à la mort de ce dernier. Durant son enfance en compagnie d’Hindley et de Cathy, les enfants naturels Earnshaw, de fortes rivalités et des jalousies s’échafaudent et s’entrechoquent. Notamment, Cathy et Heathcliff brûlent l’un pour l’autre d’un amour destructeur et impossible. Méprisante et dotée d’un caractère épouvantable, Cathy finit par se marier avec Edgar Lintonn, du manoir voisin Trushcross Grange, provoquant la fuite d’Heathcliff. Bien des années plus tard, celui-ci revient soudainement, dans l’objectif de reconquérir Cathy. Toujours ténébreux, il a appris certaines « manières » et prend rapidement le dessus sur son alcoolique de frère Hindley, lui-même veuf et père d’Hareton, un gamin délaissé. Installé à Hurlevent, Heathcliff rend évidemment souvent visite aux Lintonn, au grand dam d’Edgar. L’amour transis qu’éprouve Isabelle Lintonn, la sœur d’Edgar, pour Heathcliff, rend alors Cathy malade de jalousie. Heathcliff décide donc d’utiliser ce biais pour accomplir sa vengeance. C’est d’autant plus tentant qu’Isabelle est la réelle héritière de Trushcross Grange…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A travers ce second volet, le scénariste Yann achève l’adaptation en BD du célèbre roman d’Emily Brontë, relativement fidèle au chef-d’œuvre original (à une réplique truculente près, en private joke, p.23… les bédéphiles apprécieront). A l’époque de sa parution (1847), le roman s’était montré d’une saisissante modernité, notamment à travers la violence des rapports humains et la passion que dégageaient ces anti héros aux âmes damnées. Certes, cette lecture ne transparait guère, ni dans le roman, ni dans son adaptation BD, à la lumière de notre XXIe siècle… mais de ce diptyque, ressort tout de même une vigoureuse tragédie familiale, diaboliquement coordonnée et en permanence baignée d’une lumière crépusculaire. Le décorum ténébreux, nuageux, impeccablement traité par Edith, est le grand point fort de l’adaptation : il rend parfaitement honneur au titre et amplifie le spectacle de l’auto-destruction des personnages. Ces derniers sont en revanche dessinés à l’aide de traits plus simples (mais non moins efficaces), dans le même registre que l’excellent Basil et Victoria (déjà avec Yann au scénario). Cette adaptation en deux volumes s’avère une franche réussite, dans le sens où elle rend accessible et palpitant au plus grand nombre, un roman pour le moins austère de prime abord. Delicious !