L'histoire :
Le lieutenant de police Martin Penn est maintenant interné depuis plus de 2 mois dans un hôpital psychiatrique. Deux longs mois de mutisme total, de cauchemars abominables, qui commencent à inquiéter la jeune docteur Crolla. Etonnement, le directeur de l’institut s’intéresse particulièrement à ce cas et demande à sa psychiatre d’intensifier ses efforts. Et puis un jour, Penn se lève et pénètre tranquillement dans le bureau de Crolla. Surpris par cette dernière en train de consulter son propre dossier, il se met alors à lui raconter son traumatisme dans le détail. Policier new-yorkais au service des stupéfiants, Penn traquait alors des gros calibres de la drogue. Avec professionnalisme et opiniâtreté, il venait de coincer un gros bonnet et de mettre fin à un gigantesque trafic d’héroïne, par le biais d’une descente musclée dans un immeuble de Chinatown. Une belle récompense plus tard, il rentrait chez lui couvert d’honneurs… pour y découvrir, en une mise en scène atroce, que sa femme et son fils avaient été décapités, en représailles, par les narcotrafiquants. Libéré de ce poids psychologique, Penn est désormais assoiffé de haine et de vengeance…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les qualités de ce nouveau thriller psychologique, musclé et réaliste, méritent largement qu’on s’attarde sur ce premier tome (aujourd'hui réédité chez Delcourt, après une première naisance chez Robert Laffont). D’emblée, le scénario de Roberto Dal’Pra nous présente à un patient américain qui a apparemment vécu un profond traumatisme. Puis il s’intéresse en parallèle aux méthodes expéditives des narcotrafiquants birmans. On découvre peu à peu que le blocage psychologique, cohérent et horrible, auquel est confronté le héros, est directement lié au milieu impitoyable de la drogue. La majeure partie de ce premier tome n’est alors que l’illustration des souvenirs tragiques du héros, en flashback. Accrochez vous : la tragédie vécue, réaliste et parfaitement mise en scène, est à la mesure de l’inhibition psychiatrique qui s’ensuit. Sur cette partition narrative, Giancarlo Caracuzzo trouve dans la technique de couleurs directes et dans l’époque contemporaine, des biais artistiques à la mesure de son immense talent. Son trait est en tous cas plus convaincant que sur La dernière reine. Que ce soit dans les plans larges ou les gros plans sur les personnages, les cases sont équilibrées, un style délectable parfois à la lisière de l’impressionnisme (les reflets de lumières !). Peut-être, juste, les couleurs mériteraient un chouya de sobriété, notamment dans la roseur de la peau des personnages. A noter, étrangement, le dessinateur italien (et professeur à la scala romana) est le sosie parfait du personnage de Martin Penn…
