L'histoire :
Martin Penn, un lieutenant de la brigade des stups new yorkaise, a paradoxalement vu sa vie basculer dans l’horreur le jour où il a réussi à faire main basse sur une grosse transaction d’héroïne. Khun-Yu, un puissant trafiquant thaïlandais lui a fait payer chèrement son zèle en assassinant sa femme et son jeune fils. Profondément détruit, Penn se retrouve interné dans une clinique psychiatrique spécialisée, dont il sort dans l’unique but de se venger du massacre des siens. Il connait le responsable, il ira lui faire la peau dans son pays. Aidé par un étrange aveugle et un gamin des rues, tous deux grassement payés par une organisation secrète qui veut que Penn réussisse sa mission, il parvient à satisfaire son dessein. Seul revers de médaille : il goute à l’opium et retourne à New York complètement dépendant. Pris en charge par Gordon, son ancien psychiatre, il apprend de ce dernier que c’est l’organisation secrète dont il fait partie qui a préparé son périple pour éliminer Khun Yu et qui l’a fait rapatrier : constituée des familles les plus riches et les plus puissantes du monde entier cette confrérie s’est fixée pour objectif d’éradiquer trafiquants de tous ordres sans se préoccuper des lois, de la diplomatie ou de la bureaucratie. Aussi propose t-il à l’ancien policier de devenir l’un de leurs bras armés. Martin refuse avec véhémence de se compromettre dans un tel projet. En attendant, il est sous bonne garde. Quelques jours plus tard, Gordon retrouve à Londres les autres membres de la mystérieuse association : il est rapidement décidé de mettre un terme « définitif » à toute collaboration avec le flic junkie. A New York, c’est le moment que choisit par Penn pour fausser compagnie à ses ravisseurs…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le tome 1 était une mise en appétit pleine de promesses : le coup du destin insupportable vécu par un cador des stups new-yorkais, associé à sa pseudo-remontée en surface grâce au sentiment de haine et de vengeance instillé par un psy pas franchement net, étaient digne de notre plus grand intérêt. Le deuxième opus qui lui, mettait en place la vengeance, se montrait moins original… mais les auteurs ayant décidé de nous offrir un volume 3, on s’imaginait un final flamboyant qui gommerait d’un coup cette demi-déception. Loin de ne pas remplir totalement son office et offrant une conclusion cohérente, la fin de ce polar violent nous laisse sur notre faim : les ficelles de l’intrigue et les pseudo-surprises ont été maintes fois utilisées, tous supports confondus. A l’inverse, les quelques balises intéressantes semées dans les précédents chapitres ne sont que maigrement exploitées (organisation secrète, relation affective, opiomanie…). Bref, on en est presque à se demander si un 3e volet était bien nécessaire, ou à l’inverse, s’il n’aurait pas fallu prévoir une petite rallonge pour se donner les moyens d’épaissir le scénario… Incontestablement maitrisée, la partition graphique jouée par Giancarlo Caracuzzo est d’une redoutable efficacité. Pourtant peu habitué à retrouver dans ce type de récit (noir et violent) une telle utilisation de la colorisation directe et de ses « aqua-tons », on est agréablement bluffé par le réalisme et le mouvement. Associé à un découpage donnant beaucoup de rythme et des cadrages toujours aussi judicieux, on regrette d’autant plus, que la valeur du trait n’ait pu se mettre au service d’une intrigue moins classique et plus fouillée.