L'histoire :
Lewis Trondheim voyage en famille pour un séjour sur le sol américain. Dans l’avion, en plein milieu de l’Atlantique, première petite poussée d’adrénaline : la voix nasillarde de l’hôtesse oblige notre passager à dévisser les écouteurs de son baladeur pour lui apprendre qu’une importante défaillance technique ne pourra être résolue. Lewis imagine déjà l’amerrissage d’urgence ou le retour vers l’Islande pour comprendre finalement qu’en raison du problème insurmontable, aucun film ne pourra être diffusé. Arrivé à bon port, c’est le bonheur des visites touristiques. L’Empire State Building offre à ce titre un parfait exemple de ce qui l’attend : file d’attente dans le hall d’entrée ; queue pour prendre un billet ; attente pour l’ascenseur ; embouteillage pour les 6 derniers étages à pied… pour un minuscule espace de vue panoramique d’une minute et demi. Cependant, l’excursion avec voiture de location devrait rattraper la déception. Il faut juste : ne pas se faire vendre des assurances inutiles ; trouver le véhicule sans pétouille et sans odeur de tabac incrusté. Une fois ces quelques tracas balayés, place à l’étonnement : des grands espaces à lignes droites qui donnent le sentiment de ne jamais tourner le volant ; des casinos interdisant aux enfants de regarder les tables de jeux, mais les laissant se pâmer devant les strip-teases à gogo ; des cow-boys à casquette de base-ball et des shérifs indiens…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Instantanés de ses nombreux voyages ou saynètes du quotidien saupoudrés d’une bonne dose d’autodérision constituent cette nouvelle balade au cœur des petits riens de notre auteur de BD à succès. Utilisant son blog (http://www.lewistrondheim.com/blog/) comme d’autres noircissent un cahier d’écolier ou notent dans leur agenda scrupuleusement chaque jour la météo, Lewis Trondheim manie habilement ses aquarelles pour nous alimenter régulièrement en réflexions diverses et variées. Ce 4e opus (comme les précédents) est une adaptation au format BD de cet exercice fréquent. Jamais beaucoup plus de 3 ou 4 dessins par planche, soignés par une colorisation douce, suffisent à emballer des petits bouts de scénario souvent (c’est une petite nouveauté de ce 4e recueil) liés sur plusieurs pages par un fil rouge commun (le voyage dans X ou Y pays par exemple). Jamais, non plus, d’extravagantes découvertes sur la vie, sans doute tumultueuse, de l’auteur ou de circonvolutions fantaisistes dont son cerveau est pourtant rempli : Lewis Trondheim choisi de nous faire partager son sens inné du recul et sa curiosité gardée intacte depuis l’enfance. Il nous donne ainsi l’occasion à notre tour de sourire de nos propres travers, angoisses ou gamineries. Tout un tas de petites choses insignifiantes, absurdes ou rigolotes, sur lesquelles il s’attarde pour nous (qui fonçons droit devant, tête baissée, sans prendre le temps) avec cette science incroyable de la narration.