L'histoire :
Au début du VIIIème siècle, aux limites orientales de l'empire romain, l'empereur Leon III a imposé ses lois iconoclastes : profitant de la relative impuissance de l'Eglise romaine aussi loin de ses frontières, il décide que les images de Jésus et tout ce qui touche à la religion sont interdites. L'empereur va au-delà des prescriptions pontificales : il divise les croyants au sein même de son empire. Dans la ville d'Athènes, une jeune fille nommée Irène va naître en 752, au sein d'une famille qui vénère les images pieuses. Elle lui inculquera cette passion secrète. A la mort de ses parents, devenue une jeune adolescente, elle sera conduite par son oncle qui l'a élevée à un concours de beauté qui désignera la future prétendante au mariage avec le fils de l'empereur Constantin V, le petit-fils de Leon III. La jeune fille a été choisie grâce à l'influence de son oncle. Elle devra briller pour se rapprocher de ce qu'elle voit comme une chance extraordinaire. En septembre 768, elle prend le bateau vers Constantinople. Ce sera le début d'une ascension irrésistible vers le pouvoir. Son intelligence et sa volonté de fer la conduiront à utiliser son charme, dans un premier temps, puis son influence auprès de Leon IV, jeune souverain dont la politique envers les images pieuses suit celle de son père. Dans un premier temps...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le premier tome de ce dyptique consacré à Irène, Impératrice d'orient, est très réussi. Le scénario de Corbeyran consacre beaucoup de temps à son enfance. On la voit devenir une femme de pouvoir, dont la volonté se forge depuis ses plus jeunes années. Sa rencontre avec son futur mari n'arrive qu'au milieu de cet album. Le lecteur aura le temps d'apprécier son tempérament et aura très envie de savoir comment elle va faire avancer sa cause en faveur des icones, ces images proscrites par le pouvoir depuis plusieurs décennies. Pour que le personnage trouve toute sa force, il faut un dessinateur à la hauteur de l'espace laissé par le scénariste. Gabriel Ippoliti relève le défi avec brio, ses portraits de la jeune femme sont d'une grande force, son regard est assuré, parfois impressionnant, totalement convaincant. Beaucoup de choses vont se passer dans le second tome, qui sera probablement plus rapide, afin que le destin ultime de la Reine de sang s'accomplisse. Pour autant, cet épisode promet d'être l'un des meilleurs de la série, grâce à l'équilibre parfait entre les deux auteurs. Et quelle belle performance que de nous passionner pour la résistance des iconophiles, ces défenseurs des images comme un vecteur de la foi. Un sujet éclairant sur les enjeux religieux du pouvoir, et bien évidemment un nouveau portrait passionnant de femme puissante, aux origines de l'Histoire.
