L'histoire :
En 1293, la princesse Agnès, fille du célèbre Saint Louis, donne naissance à un nouvel enfant à son époux, Robert, duc de Bourgogne. C'est leur cinquième enfant et le seul garçon est mort-né. La nouvelle est donc attendue avec impatience... mais hélas, c'est encore une fille. Robert est déçu. D'autant qu'il apprend que sa dernière fille, Jeanne, a un problème : elle a la jambe gauche plus courte que l'autre. Se croyant maudit, Robert peste contre sa mauvaise fortune. Agnès sait qu'elle est marquée, comme son neveu Louis. On essaie de soigner sa difformité en enveloppant sa jambe et en tirant son membre. Mais rien n'y fait. Adolescente, Jeanne est la risée de tous les enfants. Tout le monde la traite de diable boiteux et se moque de son physique. Particulièrement blessée par la méchanceté des autres, la pauvre enfant ne sait que faire. Heureusement, sa sœur, Marguerite, jure de la protéger tout au long de sa vie...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les éditions Delcourt continuent leur collection consacrée aux Reines de sang. Après Cléopâtre, Frédégonde, Isabelle, Aliénor et Tseu Hi, retour en France au Moyen-Âge avec Jeanne de Bourgogne, qui sera reine durant la guerre de cent ans. Moins sulfureuse qu'Alienor ou moins guerrière qu'Isabelle, Jeanne est surtout connue pour sa difformité à la jambe, qui lui vaudra le surnom de « Jeanne la boiteuse ». Au scénario, France Richemond fait un énorme travail historique en tentant d'éclaircir une période politique trouble, durant laquelle la France était divisée en plusieurs royaumes et différentes lignées se disputaient le pouvoir. L'arbre généalogique des familles Valois, Artois et du duché de Bourgogne, est d'ailleurs indispensable à la compréhension de ce qui va suivre. En effet, sous les manipulations du roi Philippe IV Le Bel, les unions entre familles sont nombreuses. La consolidation du pouvoir s'accompagne également d'une lutte religieuse, en pleine période de déclin des Templiers. Avec beaucoup de précisions et de détails, Richemond parvient à retranscrire cette période dense faite d'alliances et de complots, d'amitiés et de trahisons, de naissances et de morts. L'émergence de Jeanne se fait progressivement, le portrait de cette femme est beaucoup moins caricatural que les autres Reines de sang. Il faudra deux autres tomes pour découvrir son accession au pouvoir et son rôle pendant la guerre. En attendant, le récit est presque « un peu trop » historique, tant les évènements s'enchaînent de façon didactique et quasi pédagogique. Les amateurs apprécieront toutefois de s'immerger dans un moyen-âge aussi vivant et bien retranscrit. D'autant que le graphisme de Michel Suro fait des merveilles. À la fois classique et rappelant le trait détaillé de Gilles Chaillet, son dessin est aussi plein d'élégance. Les nombreux personnages ont une vie saisissante. Ce premier tome redore le blason de notre Histoire médiévale.