L'histoire :
Lorsqu’elle nait en l’an 180, la légende dit que Julia Mamea ne pleura pas, signe de mauvais présage sur sa destinée. De plus, étant la seconde fille, après son aînée Julia Soemia, que Julia Maesa met au monde, cette dernière la rejette car elle désirait avoir une descendance mâle. S’ensuivra alors, pour l’enfant, puis la jeune adulte, un comportement silencieux où elle ne laissera jamais laisser entrevoir ses émotions. Jusqu’à la naissance de son fils Alexianus, qu’elle prédestine au titre d’empereur. Car si la patriarche Julia Maesa essaye vainement de contrôler sa fille aînée et son rejeton, tous deux complètement obnubilés par le culte de la Pierre Noire d’Émèse, dans l’ombre, Julia Mamea éduque parfaitement son fils dans la culture romaine. Et à mesure que le fantasque Héliogabale perd en légitimité, tous (et surtout toutes) s’accordent à lui associer aux rênes du pouvoir son cousin, nettement plus apprécié de la Garde prétorienne. Et si dans un premier temps, les deux hommes qui s’apprécient travaillent de conserve, c’est sans compter sur Julia Soemia, qui voit d’un très mauvais œil cette alliance, qui pourrait finir par lui retirer le pouvoir total, à elle et à son fils. Alors, pour son plus grand malheur, elle continuera d’appliquer de mauvaises lois, comme celle de dissoudre le Sénat, ce qui conduira à la révolte des prétoriens. Le temps est alors venu pour sa sœur Julia Mamea, de sortir enfin de son silence et de faire exécuter cette partie dépravée de sa famille ainsi que tous leurs proches, allant jusqu’à leur annoncer leur damnatio memoriae, leur effacement de l’histoire, avant la sentence fatale. Dès lors, elle peut se consacrer toute entière à l’adoration du nouvel empereur, son fils, qui règnera sous le titre de « nouvel Alexandre », jusqu’à leur chute probable.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Il faut bien faut avouer qu’il n’est pas très facile de se plonger dans ce dernier épisode des Trois Julia, sans en reprendre le cycle depuis le début. Car en plus de commencer par différents flashbacks, il n’est guère aisé d’authentifier tous les personnages, dont les noms romains parfois à rallonge, peuvent également être remplacés par leur titre ou nom d’empereur. Sans compter toutes ces Julia avec lesquelles même les auteurs s’embrouillent dans leur petit texte d’introduction ! Malgré tout, l’histoire se fluidifie rapidement et tout devient cohérent, quitte à faire de petits retours aux pages précédentes. Dès lors, l’on apprécie totalement les intrigues romaines, ourdies de complots et d’assassinats parfaitement complétés par des scènes de stupre et de luxure, comme savaient les « magnifier » l’élite de l’Empire. Les dessins et la mise en page reste de très grande qualité, avec une Julia Mamea aux traits toujours stoïques et impassibles face aux émotions parfaitement retranscrites sur les visages de son excentrique sœur et neveu. Au final, cette trilogie n’aura vraiment rien à envier à l’excellente série Murena, véritable référence en matière de Rome antique, tout en relatant l’histoire méconnue, voir inconnue, de la dynastie des Sévère. Ce qui, en un sens, pourrait bien porter préjudice à ces Reines de sang, qui s’éloignent véritablement de nos connaissances historiques classiques, pour s’orienter vers un public très averti ou recherchant de nouvelles célébrités historiques. De même, la fin pourra sembler un peu décevante pour certains et certaines, avec une suite historique rapide du règne d’Alexandre, qui aurait mérité un simple encart de texte. Mais surtout deux dernières pages où la narration est confiée à la Pierre Noire, comme pour effacer toute trace de ses héroïnes terriblement dignes de notre Frédégonde mérovingienne.