L'histoire :
Après la défaite des troupes de Macrin à Antioche, en 218, ce dernier est exécuté, de même que son fils. Le nouvel empereur peut enfin rejoindre Rome, après un long voyage depuis Emèse. Mais avant même son arrivée dans la ville, celui qui est également le Grand prêtre du dieu de la pierre noire, fait assassiner l’eunuque Gannys, favori de sa grand-mère, mais aussi son initiateur et celui de sa mère, pour refus d’obéissance. Commence alors un règne de tous les excès pour cet adolescent tout à la fois tyrannique, lubrique et mystique, qui va plonger la Rome antique dans une bacchanale sans fin, dépassant allègrement celle de Caligula et de Néron. Et alors que la princesse Julia Maesa, sa grand-mère, se retrouve enfin avec les pleins pouvoirs politiques sur l’administration romaine, au côté de son fidèle Comazon, Héliogabale n’a d’autre projet que de faire élever un temple sur le Mont Palatin, à la gloire de la pierre noire. Son mariage avec la belle Cornelia Juilia est un échec, l’empereur préférant manifestement les jeunes hommes. A ses côtés, sa mère Julia Soaemias, fanatique de la pierre noire, impose sa propre présence au sénat, véritable crime de lèse majesté ! Pourtant, malgré toutes ces offenses, après profanation des reliques sacrées du peuple romain, à la gloire du dieu solaire, le seul digne d’être adoré, puis du temple de Vesta où il prend pour épouse une vestale vierge sacrée, Julia Aquilia Severa, le peuple semble rester indulgent à l’égard de ce nouveau Marc Aurèle Antonin, Rome ne s’étant jamais aussi bien porté. Mais au sénat, la colère gronde et le fidèle Silius Messana ourdit un complot pour le destituer, avec la bénédiction de Julia Maesa. Trop précoce, le coup d’Etat échoue, du fait de Julia Maema qui, dans l’ombre, attend son heure et celle de son fils Alexianus…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce n’est donc pas d’une, mais bien de trois « Reines de sang » auxquelles nous auront droit avec cette série des Trois Julia. Et après la première, la grand-mère Julia Maesa, exilée de Rome après l’assassinat de son gendre, l’ex-empereur Caracalla, et le suicide de sa sœur Julia Domna, voici venu le temps de sa fille, Julia Soaemias, véritable fanatique religieuse, prête à tout pour imposer à Rome sa vision du monde et celle de son rejeton d’empereur. A l’image de l’excellente série Murena (par Dufaux, Delaby et Theo), Luca Blengino et Antonio Sarchione nous plongent dans l’univers sulfureux de la Rome antique, mais quelque 150 ans plus tard, sous le règne des Sévère. Et si l’intrigue porte en avant l’extravagant empereur Héliogabale, il faut bien y voir en filagramme le rôle tenu par les femmes de la famille, à commencer par sa grand-mère et sa mère. Si le scénario tend parfaitement vers la réalité historique, à quelques nuances près, il se suit particulièrement facilement, avec quelques flashbacks, mais tout en conservant bien le fil, malgré le nombre d’intervenants et d’intrigues. Il y aurait pourtant de quoi s’y perdre, entre toutes ces appellations de l’empereur et toutes ces Julia ! Quant aux dessins, ils sont forts agréables, la similitude avec Murena encore palpable, et ils contrastent avec la noirceur de l’histoire. Plutôt légers de traits, ils offrent une lecture agréable, avec quelques grands décors de Rome ou des combats qui permettent de varier le rythme. Les corps sont sensuels, les femmes plantureuses, les esclaves sculpturaux et les coups de glaives bien sanglants. Le rouge du sang des crimes et des sacrifices ne l’emportent pas pour autant, si bien que l’on aurait (presque) aimé vivre à cette époque. En attendant la suite, qu’il ne faudrait pas aller chercher sur Wikipédia.