L'histoire :
Lorsqu’elle nait, le 18 février 1516, Marie Tudor est le fruit de la 5ème grossesse de Catherine d’Aragon, mais aussi l’unique survivante de ses enfants. Aussi, son père, le roi d’Angleterre, le redoutable et cruel Henri VIII, la comble d’attention, même si l’absence d’une descendance mâle lui est vécu comme un affront. A peine âgée de 2 ans, elle fut promise au dauphin François, fils du roi de France François 1er, avant d’être finalement promise à l’empereur Charles Quint… Mais en coulisse, le torchon brûle entre le roi et la reine. Henri reproche à sa reine de ne pouvoir lui donner ce fils tant désiré. Alors quand il trouve refuge dans les bras et la couche de sa maîtresse, la sulfureuse Ann Boleyn, cette dernière ne tarde pas à le convaincre de répudier son épouse, malgré l’opposition de la papauté. Et quand, malgré tout, Henri épouse Anne qui se retrouve aussitôt enceinte, la rupture avec l’Eglise catholique de Rome est totalement consommée. Henri se proclame désormais chef suprême de l’église d’Angleterre. Catherine d’Aragon officiellement répudiée et Marie « exilée » au Pays de Galles, la mère et la fille ne se reverront jamais, pour la plus grande tristesse de Marie qui refusera de prêter allégeance à la nouvelle souveraine et de s’incliner face au roi son père, responsable de tous ses malheurs. Pire que tout : elle est nommée dame d’honneur de sa désormais demi-sœur Elisabeth, fruit de l’amour du roi et de Ann Boleyn. Heureusement, lui reste son ami et confident de chambellan, Lord John Hussey, qui complote en coulisse contre les agissements du roi, alors que la belle Anne perd de sa superbe en même temps que son second enfant – un mâle tant désiré par Henri – face à la nouvelle maîtresse du roi, Jeanne Seymour. La roue du destin ne cesse alors de tourner pour chacune d’entre elle, avec toujours, en point de mire, le trône du royaume d’Angleterre...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec Marie Tudor, voici la 14ème reine de sang à être mise en pages et en dessins depuis la création de cette collection. Il était d’ailleurs surprenant que peu d’auteurs se soient encore intéressés au cas de l’Angleterre, un royaume véritablement écrit et dessiné par le sang de ses monarques, qu’ils soient hommes ou femmes. Et avec les Tudor, nul doute qu’une foison d’albums pourraient être à la hauteur, en témoigne ce début de la vie de Marie, de sa naissance à ses 21 ans, lorsqu’elle devient marraine de son demi-frère, le futur roi Édouard VI. Car après une enfance choyée par ses parents, elle devient une paria qui bascule dans une forme de rejet paternel, l’instable et tyrannique roi Henri VIII désirant plus que tout une descendance mâle. Un schéma alors très répandu dans la majeure partie des royautés européennes et qui a forcément forgé les comportements de ces futures « reines de sang », faits de contradictions, de frustrations et vexations, voire d’humiliations, en même temps qu’une certaine éducation à l’exercice du pouvoir. Toutes les ficelles étant désormais en place pour accomplir des destins hors du commun. Un destin que Marie met en place, bien aidée par la providence, au moment où l’Angleterre subit une des crises majeures de son histoire religieuse. Nous retrouvons avec un plaisir non dissimulé des personnages bien connus, en premier lieu Henri VIII très charismatique (en attendant de devenir obèse dans le futur album ?), sous les traits de Claudio Montalbano. Mais aussi la reine Catherine d’Aragon, au visage très hispanique ; sans oublier la douce et sage Jeanne Seymour ; ou la sulfureuse Ann Boleyn, aussi séduisante et érotique que nous pouvions l’imaginer. Les dessins sont particulièrement agréables, légers et « frais », avec un découpage des cases et pages, très classiques. Celui-ci est parfaitement accordé par le scénariste Corbeyran, qui ne sort pas d’un poil des faits historiques. En somme, un très bon documentaire historique illustré, en attendant que Marie Tudor ne se révèle pour devenir une véritable reine de sang, celle que l’histoire retiendra sous le nom de « Bloody Mary ».