L'histoire :
En 1876, dans la grande ville de Washington, le colonel Helena se rend dans la magnifique demeure de l’honorable Robert Little, de la chambre des représentants des Etats-Unis. Robert Little est un député noir du parti de Lincoln qui combat à bras le corps la discrimination de la justice. Dans son salon privé, il explique au colonel qu’un riche politicien blanc du nom de Powell a détourné des millions des caisses de la ville de New York et a été condamné pour cela. Mais il a été envoyé à la prison de Ludlow Street, une sorte d’hôtel où les riches criminels blancs peuvent jouer au billard et manger du homard. Grace à ses relations, le député Little réussit à le faire transférer dans une vraie prison, mais il y règne en maître grâce aux fonds qu’il a détourné. Le député est impuissant face à l’impunité des riches et demande à son invité s’il ne connait pas quelqu’un qui pourrait infiltrer la prison. C’est ainsi que le Marshall Bass se retrouve prisonnier infiltré dans la prison de Yuma...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Il n’y a pas à dire, Darko Macan, le scénariste de Marshal Bass a le don de nous surprendre. Dans ce nouvel opus, notre Marshal noir préféré a pour mission d’infiltrer le pénitencier en tant que prisonnier, afin de transformer la vie d’un riche politicard blanc en enfer. Dans une prison au beau milieu du désert, les hommes souffrent et le fameux chef Powell règne en maître grâce à son argent qu’il a détourné des caisses de la ville de Washington. Powell s’assure une petite vie tranquille en payant les gardes et le responsable de la prison. Étonnamment, le scénariste s’est détaché de l’histoire principale en réalisant un scénario qui pourrait être un one shot, une sorte de parenthèse dans l’histoire du Marshal. Effectivement, à la lecture de ce nouveau tome, il y a très peu de lien avec les précédents opus, sauf peut-être l’allusion à son fils. Cependant, même si le personnage de Bass n’évolue pas dans cette histoire, le scénario est rythmé, bourré d’action et d'une pointe d’humour acidulée dans un contexte qui ne prête pas à sourire. Au dessin, Igor Kordey livre un album dans la même qualité graphique que les précédents opus. La fameuse double page est présente. Cette fois le dessinateur s’attarde sur l’épisode sanglant d'une mutinerie réprimée dans un bain de sang. Encore une fois, le trio Macan, Kordey, Vitkovic offre un ouvrage de qualité, très bien équilibré entre le scénario et le dessin. Avec une question de fond qui reste encore d’actualité, d’ailleurs. Jean de La Fontaine a trouvé la plus belle des formules pour l'exprimer : « Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir. »