L'histoire :
Mathilde participe à une soirée dansante de réveillon du nouvel an chez une amie. Elle sait que son ex, Julien, est là aussi et elle le cherche un peu partout, notamment en visitant quelques pièces du premier étage. Elle le découvre soudain torse nu, sur un lit, en train d’embrasser sa rivale Judith, dénudée. Horreur et désespoir ultime ! Cette fois, c’en est trop. La rupture est définitive. Elle brule ses lettres et s’enferme chez elle, un casque audio sur les oreilles. Elle n’entend pas Julien qui tambourine à sa porte pour s’expliquer… mais quelques minutes plus tard, elle ouvre finalement à Paul. Paul, son employeur, est un écrivain à succès, divorcé et de 17 ans son ainé, qui n’est pas insensible à ses charmes. Emu par la déprime de la jeune femme, Paul décide de lui remonter le moral : il lui prépare un petit dîner (abominable) et la nuit venue, il s’intéresse de très près aux premiers feuillets de son roman balbutiant. Le lendemain, il lui propose de passer la journée pour mettre au point son travail, de l’aider à devenir un véritable écrivain professionnel. Mathilde est aux anges. Puis, à l’issue d’une faste journée de labeur, Paul s’en va, en laissant un petit mot sous sa porte : « Je vous aime »…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans ce troisième opus, Mathilde confirme son statut de pure série fleur bleue, mièvre-sentimentale, ousk’une jeune roussette toute timide et pimpante tombe amoureuse d’un quadra riche et trop craquant (et réciproquement). Après avoir subtilement tourné autour du pot, afin de présenter les protagonistes et évoquer quelques fausses pistes (le retour du Julien ? l’investissement de Sacha ?), l’épisode focalise cette fois pleinement sur l’exquise relation Mathilde-Paul et se termine d’ailleurs par… un mariage ! (non, on n’a pas dit entre qui et qui). Pour l’occasion, les clichés sont archi-téléphonés (sic), les émotions encore plus exacerbées… comme quand on a 14-17 ans, ce qui devrait combler de bonheur le public de ces tranches d’âge. Le dessin manga-formé et la mise en scène amplifient encore les émois, avec les cœurs qui palpitent aux frontières de la rupture, des effets de lumières diffuses, une colorisation acidulée, les pétales de roses qui s’envolent, les reflets dans les yeux larmoyants et la déformations des perspectives, comme pour donner le sentiment que la réalité est altérée par une surcharge d’adrénaline ou de phéromones (l’aspect baroque du moment T est à ce titre assez bien géré)… Bref, pour ce bon gros shojô à la française, les auteurs Jenny (Pink Diary) et son époux Alexis Coridun chargent cette fois vraiment la barque, question émotions. Dans le registre du dégoulinant, la coupe est pleine : techniquement, Mathilde ne peut pas rayonner plus de bonheur paroxystique. Il va désormais falloir songer à la vider (la coupe, pas Mathilde). Ça tombe bien, le tome 4 devrait relancer l’intérêt de la série, avec la montée en charge d’une toute autre problématique…