L'histoire :
Pour payer ses études en lettres moderne, la rousse Mathilde est caissière dans un supermarché. Ça n’est donc pas la panacée, étant donné que son rêve c’est de devenir écrivaine, mais ce job a le mérite de lui permettre de conserver sa petite indépendance vis-à-vis de son compagnon, Julien. Lui, a monté un studio graphique dans son appart, ou plutôt dans l’appart de ses parents qu’il occupe à titre gracieux. Ce projet de longue haleine le monopolise tout entier et lui donne à fréquenter de jeunes et jolies jeunes femmes… ce qui rend Mathilde comme folle. Ce qui l’énerve surtout, c’est que depuis le lycée qu’ils sont ensembles, il ne lui a toujours pas laissé une clé de chez lui. Elle aimerait qu’il s’engage un peu et surtout, qu’il dégage cette Judith avec laquelle il a eu visiblement une bluette. Ce jour là, au supermarché, Mathilde accepte un dernier client – grrr, alors qu’elle avait déjà posé la pancarte « caisse fermée ». Il est mal rasé, tout timide lui aussi et il déverse un plein caddy sur son tapis roulant. A ce moment, elle l’ignore encore, mais Paul est un écrivain, un vrai… et il va lui offrir une perspective d’avenir radicalement différente…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Estampillé d’un sticker « par l’auteur de Pink Diary », Mathilde est ni plus ni moins qu’un manga shojo publié à un format franco-belge (donc en couleurs, en lecture de gauche à droite et de taille 21x29,7). L’auteur en question, c’est Jenny, cette fois-ci épaulée au scénario par son époux, Alexis Coridun, qui n’est étrangement crédité de cette participation qu’en pages intérieures. Bref, cette histoire à l’eau de rose (rose pâle, même) ravira logiquement les amateurs de ce genre d’histoires, qui puisent leur force dans toujours-les-mêmes-situations vaudevillesques, trio amoureux, rêves de princes charmants et autres demandes en mariages déçues. Tout aussi logiquement, la vie sentimentale de Mathilde laissera donc indifférents les lecteurs dépourvus du gène fleur bleue, ainsi que les blasés du genre : son mélo perso n’apporte guère d’eau au moulin. Visuellement, la vinaigrette manga est évidemment l’occasion pour Jenny de « décrocher » au moins une fois par page de son style semi-réaliste élégant (quand c’est tout guimauve) pour emprunter à des fins humoristiques un dessin ultra caricatural (parce qu’il y a intrinsèquement foultitude d’occasions de tourner la guimauve au ridicule, et heureusement !). La sacro-sainte méthode, ici parfaitement maîtrisée, est archi-courue en manga et ne surprendra que les néophytes habitués du 9e art franco-belge, qui se seront laissés prendre par le format de publication.
