L'histoire :
Au cours de l’été 1976, la France vit une canicule historique. Sous une chaleur étouffante, Max Plume, syndicaliste respecté et apprécié de tous, doit rencontrer les patrons de son entreprise, MM. Péroni et Nivel. Arrivé au lieu de rendez-vous avec quelques minutes de retard, Max Plume prend connaissance de l’objet de l’entretien. Les patrons souhaitent lui confier une mission un peu spéciale : choisir lui même les personnes qui devront quitter l’entreprise dans le cadre d’un plan de licenciements. Evidemment, pour réaliser un tel service, il est proposé à Max Plume une très forte somme d’argent et il lui est accordé un temps de réflexion de 4 jours. Fidèle à l’entreprise depuis 18 ans et touchant un salaire modeste, Max Plume semble en effet la personne la mieux placée pour accomplir cette tâche. Tiraillé entre la solidarité ouvrière et son besoin d’argent, doit-il accepter le chantage proposé ou soutenir plus que jamais ses collègues de travail ? A ce contexte pesant, vient s’ajouter de mystérieuses disparitions d’enfants dans le sud de la France…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Voilà un sujet original et délicat, auquel ont choisi de s’attaquer les auteurs Cédric Rassat et Raphaël Gauthey : les licenciements. A la fois distancié et caricatural, le scénario se révèle un peu branlant en raison d’un assemblage de scènes grossières auxquelles le lecteur parvient difficilement à adhérer. Cédric Rassat bâtit une intrigue flottante où, souvent, les personnages apparaissent désincarnés et fragiles. Même si elle semble peu crédible, la scène inaugurale permet d’installer la tension et le suspens de ce tome. Par la suite, l’accumulation des malheurs touchant la famille de Max Plume s’avère hautement improbable (le chantage des patrons, la forte myopie de la fille de Max et l’incident de la plante, la mort du grand-père, l’accident de vélo), comme si le destin, animé d’une volonté propre, avait décidé de s’acharner… Trop de hasards malheureux débouchent sur une invraisemblance du récit. De plus, les jeux de mots faciles sur le nom de Max se révèlent un peu lourds, ainsi que la diabolisation du patronat, présenté comme manipulateur, fourbe et matérialiste, alors que les ouvriers, légèrement idéalisés, sont des victimes sans défense. Le traitement est un peu manichéen et les personnages, effleurés, sont peu attachants. Néanmoins, le graphisme réaliste et la belle mise en couleur par ordinateur n’ont rien à envier aux meilleurs films d’animation américains des studios Pixar ou Dreamworks. Le rendu très pur, très beau, restitue une ambiance tour à tour chaude et nostalgique, propre à la chanson de Nino Ferrer : on se croirait dans le sud ! Par moments, le visuel fait penser aux tableaux de George Seurat, notamment dans la manière de peindre les lieux et les scènes de la vie moderne. Le dessinateur brille aussi dans les scènes floues, dynamiques et saisissantes de réalisme. Néanmoins, la beauté du dessin colle mal à la gravité du sujet et il se dégage de cette lecture un sentiment étrange, comme si la narration et le dessin jouaient leur partie en solo, en s’ignorant réciproquement. C’est dommage tant le potentiel affiché semble intéressant.