L'histoire :
Dans un monde médiéval fantastique, Morglox, un puissant nécromant, est parvenu à enlever la fraîche princesse Blanche. Epée en avant, torse bombé, le prince jette ses dernières forces dans une bataille contre des hordes de gobelins énervés qui lui mordillent les mollets. Morglox lui avoue alors que la princesse n’était qu’un leurre : son sombre dessein était l’ouverture d’une porte entre les mondes. Il brandit son grimoire, prononce une formule magique et une porte s’ouvre dans l’espace-temps, dans laquelle il s’engouffre. Séduite par la possibilité d’une vie nouvelle, loin des princes et des rois, la princesse s’y jette aussi. Eberlué, le prince s’attache une corde autour de la taille et plonge également à travers la porte. Il se réveille dans son lit, à notre époque contemporaine, tout comateux de cet étrange et imprécis cauchemar. Un bon café lui permet de remettre sa mission en tête, selon une détermination péremptoire : sauver Blanche. A quelques pâtés de maison de là, à la terrasse d’un café, Blanche est abordée par un quadra dégarni, Morglox. Il lui explique qu’il n’est pas le grand méchant de l’histoire, que tout ce qu’il a fait était pour lui ouvrir les yeux : jusqu’à présent tout n’était qu’illusion…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Et la thématique de ce troisième Papier sera… abracadabra… la magie ! Comme pour chaque recueil de cette collection au format poche, souple et en noir et blanc, une quinzaine d’auteurs cosmopolites (16 en comptant le strip signé Guy Delisle en 4ème de couv’, caché sous la jaquette) bénéficie d’une carte blanche pour approcher à sa manière ladite thématique. Or, pour le coup, le champ de « la magie » est particulièrement souple et varié dans cet opus. Pour ne citer que les historiettes les plus travaillées, ça va de la science-fiction (Monsieur gonflable du français Dup), en passant par le délire post-apocalyptique où l’on se combat à grands coups de mots d’excuses (Le mot des parents du français Geoffroy Monde), la prise de recul bien sentie sur l’aventure compliquée du couple moderne (Le plus beau métier du monde par le québécois Zviane), l’exercice décliné de strips minimalistes et trondheimiens façon Monsieur i (le néerlandais Boris Peeters et son Kayeko), ou la chronique historique qui considère l’utilisation d’un préservatif au sein d’une troupe de théâtre comme un bienfait magique (Sfessania, par l’italien Georgio Albertini). Sans oublier l’histoire d’intro par l’expérimenté Boulet (Maudit Royaume), une pépite d’heroïc-fantasy qui joue avec les genres et les mises en abyme. Co-directeur de la collection, Trondheim réemploie quant à lui des personnages issus de Lapinot pour une histoire courte amusante mais pas trop dans le thème. Les autres auteurs participent à leur manière, tantôt sans grande fulgurance, tantôt selon des inspirations quelque peu hermétiques (Elosterv ???)
