L'histoire :
En ces temps préhistoriques, Penss et sa mère sont des boulets au sein de leur clan. Penss passe ses journées à rêvasser en regardant l’eau qui coule, les nuages qui passent, les courbures des montagnes au loin… Et sa mère est trop vieille pour participer aux chasses. Résultat : ils ne rapportent jamais rien à la communauté – à part des cailloux – et cela agace le chef du clan. D’ailleurs, ce dernier refuse désormais qu’on partage de la viande avec Penss, tant qu’il n’a pas montré de meilleures dispositions pour la chasse. Le lendemain, lors d’une chasse aux bouquetins, Penss est ainsi poussé en tête, vers le troupeau. Mais il reste d’autant plus immobile et tétanisé, qu’un puma les prend en chasse. Providentiellement, Penss trouve un refuge sur un promontoire à flanc de falaise. Et il fait ce qu’il sait faire le mieux : il attend que son prédateur se lasse, en contemplant le paysage. Après deux nuits de patience, le puma croque un bouquetin et le laisse en paix. Penss retourne vers le clan, mais seule subsiste sa mère. Les autres sont redescendus dans la vallée, car l’hiver arrive. Penss décide de ne pas les rattraper et d’affronter seul avec sa mère la période blanche. Il porte sa mère jusqu’à une grotte dans une autre vallée et… il ne fait aucune provision, car il ne sait pas faire. Tout juste rapporte-t-il des brassées d’une herbe qui leur file la gerbe une fois ingérée. Les voilà bien mal barrés…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après La saga de Grimr, médiévale, islandaise, rustique et surtout récompensée par un Fauve d’Or à Angoulême, Jérémie Moreau remonte plus encore le temps. Nous voilà à l'ère farouche de la Préhistoire, époque où un jeune homme de tempérament rêveur passe ses journées à contempler les « plis du monde », plutôt que de pourvoir à son besoin primaire et immédiat : chasser, pour manger, pour survivre. Ce comportement contrarie l’organisation de sa communauté, qui le rejette logiquement. Et d’ailleurs, il payera tout d’abord le prix de cette apparente oisiveté, d’abominable manière (estomacs fragiles s’abstenir). Or, comme l’indique son nom en aptonyme, Penss met à profit son tempérament contemplatif pour intellectualiser, d’intuition, le fonctionnement du monde. Comme le fait Rahan à chacune de ses aventures, Penss tente de reproduire artificiellement ce qu’il déduit de ses observations, en l’occurrence : l’ensemencement naturel. Ce garçon en contradiction avec les paradigmes de son clan de chasseurs se retrouve ainsi à expérimenter les prémices de l’agriculture. D’obstacles en mésaventures, avec un peu d’amour au milieu, Moreau met ainsi 228 planches à présenter l’étincelle première de cette étape essentielle dans le développement d’une civilisation. C’est un peu longuet et itératif par moment, mais ramené à l’échelle de l’humanité, ça méritait bien ça.