L'histoire :
Depuis qu’un phénomène fantastique s’est produit alors qu’il était accoudé contre un chêne, Nathan, simple écolier en classe de seconde, est accompagné d’une gentille fée qu’il est le seul à voir. Celle-ci, qu’il baptise « Chêne », lui propose de profiter d’un super pouvoir par jour jusqu’à ce qu’il trouve celui dont il voudra bénéficier à vie. Dans un premier temps, pour tester la chose, il a demandé à pouvoir voler… et il s’est retrouvé flottant dans les airs, mais à ne pas pouvoir contrôler ses déplacements ! Après avoir chu de très haut, logiquement à minuit, il s’est réveillé le lendemain dans son lit. Le voilà à présent en retard à l’école. La grille étant fermée, il demande à Chêne de pouvoir passer à travers les murs. Dont acte ! Or, cette fois-ci, il n’avait pas prévu de passer également à travers tout les objets, dont… ses propres vêtements ! Il se retrouve donc nu, à l’école, et doit attendre minuit caché dans la nature pour retrouver une vie « normale ». Entre temps, il est curieusement attaqué par des petits oiseaux… mais Chêne refuse de lui expliquer pourquoi. Le lendemain, énervé par ces mauvaises expériences, il refuse de réclamer un pouvoir, quitte à subir les douleurs inhérentes à ce blocage. De retour en classe, il retrouve enfin Aurore, la fille dont il est secrètement amoureux…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Quel adolescent n’a jamais rêvé de profiter de super pouvoirs pour pouvoir plus facilement draguer les filles ? C’est le principe central de cette première série de Ben Fiquet, qui s’adresse logiquement plutôt à un public d’écoliers et de collégiens. Les dialogues « djeunz » et les relations sociales balbutiantes des lycéens, très justes, parleront d’ailleurs à ladite cible. Le style de dessin, semi-réaliste mais pleinement dynamique, et légèrement mâtiné de manga, est parfaitement en place et agréable à l’œil. Juste peut-être la colorisation, décalée et légèrement délavée, peut surprendre. Ici, le jeune héros Nathan bénéficie donc d’un pouvoir différent par jour, selon ses désidératas, ce qui le place devant un champ infini d’applications potentielles. Cependant, ce qui relèverait du fantasme ultime pour nombre d’entre nous, génère chez lui bien des hésitations et des tourments. Car certains pouvoirs qui pourraient paraître sympatoches, pâtissent parfois d’effets indésirables : par exemple, passer à travers les murs permet aussi de passer à travers les vêtements… et Nathan se retrouve à poils en classe. Le cauchemar de tous les écoliers ! (une interprétation psychosomatique expliquerait le reproche parental d’un manque de pudeur). Bref, en marge de la tonalité romanesque et du jouissif biais fantastique inséré dans un contexte réaliste contemporain, Fiquet n’oublie donc pas les incidences humoristiques. Il n’oublie pas non plus d’instiller une part de mystère dans la finalité des pouvoirs que lui confère Chêne, la gentille fée cornue qui l’accompagne. Quelle est la contrepartie faustienne de ce pouvoir ? Que sont ces méchants petits oiseaux ? Cet être végétal qui met en garde Chêne ? Pour le savoir, il faut attendre le tome 3, déjà annoncé pour la fin 2011…