L'histoire :
Ce matin-là, Nathan se réveille comme tous les matins : super à la bourre, trop pas envie d’aller en cours. Quelques regards échangés avec sa mère suffisent à lui rappeler ses devoirs et sa destiné à court terme : petit déjeuner, attraper le bus et faire son max pour ramener des bonnes notes à la maison. Dans la cours, après les traditionnelles poignées de mains au pote costaud et au pote moite, Nathan se sent rougir au moment de la bise avec Emma. Or, après l’humiliation d’être incapable de répéter ce que vient de dire le prof d’histoire, il manque de peu de faire tomber son plateau à la cantoche. La pause digestive est le meilleur moment de la journée : dans l’herbe, à côté d’Emma, il a une suée en découvrant que sa main est proche, si proche de la sienne… Mais le cours d’EPS (sport) le rappelle à la réalité : malingre, il est une vraie burne au basket, au point qu’aucune des deux équipes ne veut de lui. En solitaire, il se met un peu à l’écart du groupe, pour soupirer et faire le point sur sa pitoyable existence. Or, au moment où il passe sa rage sur un arbre, une main visqueuse et diabolique en sort et l’agrippe ! Le cri poussé par Nathan attire son prof jusqu’à lui. Evidemment, cette contingence fantastique a disparu… Enfin presque, car Nathan entend à peine l’engueulade du prof : il est dès lors harcelé par une fée cornue qui voltige autour de lui, et qui lui propose un deal très séduisant…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans un premier temps (une bonne moitié d’album), le mise en exposition de cette nouvelle série jeunesse nous plonge de manière très prégnante dans le bain d’une classe de seconde. D’une part, cela permet à l’auteur, Ben Fiquet, de présenter minutieusement la psychologie de son héros et son environnement. Nathan, plutôt timide et malingre de constitution, angoisse à l’idée de ne pas être à la hauteur de ses congénères – comme la plupart des ados de cet âge. D’autre part, ce contexte nous ancre dans une réalité particulièrement imprégnée d’authenticité. Les préoccupations de cet âge (l’apparence, les meufs et éventuellement, en fin de piste, ne pas se ramasser une piteuse à l’interro) s’accompagnent du sens de la réplique djeunz congrue (mortel ouf, trop bien fait !). Visuellement, le trait de dessin est abouti, tout à fait dans le tyle de la frange de public auquel il s’adresse (de 7 à 77 ans…), sur un parti pris de colorisation délavée original. Et puis la couverture nous y avait préparé : soudain tout bascule. Une fée cornue en petite culotte apparaît, dotée d’un charme certain et de formes légèrement rebondies, et offre le vœu d’un don quotidien à notre jeune héros. Yes ! Fiquet se laisse aller à un bon gros fantasme culotté et c’est trop malin ! En outre, en marge d’un potentiel extrêmement vaste de rebondissements, ce jeune auteur complet (pour qui c’est la première œuvre !) confère une problématique propre à sa fée trognonne (moi aussi j’en veux une comme ça !). En effet, on en ignore encore tout à ce stade, mais Chêne (c’est le nom de la fée, d’où le titre) est clairement en conflit avec son monde. Nathan saura t-il faire les bon choix de dons ? Saura t-il les formuler précisément (le premier choix est à mourir de rire) ? En quoi ces dons vont-ils influer sur ses émois quotidiens ? On est curieux, curieux, curieux !