L'histoire :
Quel point commun y-a-t-il entre le détective moustachu Magnum, le Rubik’s cube, La danse des canards, Star Wars, la mort d’Hergé, la victoire de Yannick Noah à Roland Garros, le sida, le Trivial Pursuit, le tunnel sous la Manche, Lionel Messi et la guerre des Malouines ? Aucun, mis à part que tous se sont produits où sont nés dans les années 80. Bienvenue dans un catalogue fourmillant de références établies et souvent oubliées. Entre autre, l’auteur Pluttark ose nous rappeler que Mireille Mathieu et Patrick Duffy (Bobby, dans Dallas) ont fait un 45 tours ensemble. Que les success-stories d’aujourd’hui ont évidemment commencé laborieusement (Bill Gates, Matt Groening, Madonna, U2, George Clooney, André Agassi…). Que des films, des tubes ou des séries à succès ont posé de véritables repères et gimmicks durables (Star Wars, ET, les Monty Python, Terminator…) ou volontairement oubliés (T’as le look coco, Mac Giver, X-Or…).
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
C’est à un formidable catalogue de vignettes rétrospectives de ces années 80 charnières que nous convie Pluttark (alias Rudy Spiessert) dans ce recueil. Le principe est basique : un événement = 1 simple vignette, dans laquelle Pluttark parvient généralement à représenter judicieusement la substantifique moelle dudit événement (hé oui, il faut le saisir, le déhanché de Michaël Jackson !). Son dessin schématique simple, composé d’une dizaine de teintes kitsch en aplats stricts, se complète d’une courte description et généralement d’un commentaire ironique bien senti. Pluttark enchaine cela chronologiquement, en autant de chapitres que d’années (10, donc). Et chaque année, se sous-découpe avec les mêmes rubriques thématiques de coloris différents : jaune pour les « jolies choses », les événements culturels et les faits géopolitiques, vert d’eau pour les souvenirs sportifs notables, les peoples et les films, rose pour les naissances, et les tubes musicaux. Un quizz de 10 questions pas si évidentes termine à chaque fois la rétrospective annuelle. Ça peut paraître tout con à faire, mais cela doit représenter un travail de dingue ! (le recueil fait tout de même 232 pages). Et le pire, c’est que de l’aveu de l’auteur himself, tout n’y est pas : une liste d’oublis (délibérés ?) est établie en fin d’ouvrage. Tout mécanique ce catalogue soit-il, il appellera immédiatement un réflexe de nostalgie compulsive auprès du public quadragénaire (à l’heure de ces lignes, Pluttark en est… presque un). Un intéressant exercice de comparaison peut aussi être porté entre les événements et la culture mainstream de 1980 et ceux de 1989. Ce rapprochement tend à démontrer que cette décennie a quasiment apporté autant de mutations culturelles, sociales et politiques qu’en un siècle. Un propos en soi et donc un bon choix…