L'histoire :
Franck Sangaré se trouve dans une très mauvaise posture. Ce soi-disant détective privé embauché par la mère d'un certain Arno Cavalieri pour le retrouver s'est trouvé pris au piège en allant dans la maison où Félix Morba a abattu trois membres d'un clan aux objectifs mystérieux. Il est désormais détenu par la famille Sax, qui exerce un contrôle quasi total sur la ville de St Elme. Madame Dombre, la partenaire de Franck, a deviné qu'il lui était arrivé quelque chose, mais ne parvient pas à mobiliser rapidement l'aide de son frère avec qui elle a travaillé dans le passé. A la suite de la découverte du massacre dans la maison de campagne, et de la présence d'un inconnu qui semble s'intéresser aux affaires de la famille, Tania appelle son grand-père, qui semble diriger réellement les affaires du clan. Ce dernier est très exaspéré par les piètres performances de l'équipe dirigée par ses propres enfants, et va envoyer un homme de confiance pour mettre de l'ordre. Pendant ce temps, une jeune touriste venue à Saint Elme avec son vieux père va rencontrer Paco, le marginal qui a abattu la vache en feu quelques jours plus tôt, lorsqu'un rituel étrange organisé dans l'auberge de la ville avait mal tourné.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le mystère s'épaissit dans ce deuxième volume qui, pourtant, offre un plaisir de lecture assez rare, avec une succession de séquences incroyablement bien mises en scène. Chaque moment cache une part de mystère perceptible. On se demande comment tous ces personnages vont converger vers quelque chose, et à quel point chacun est en partie ignorant du rôle qu'il joue. On va accorder notre confiance à Serge Lehmann pour la cohérence attendue, mais pour le moment son scénario regorge de moments marquants très cinématographiques, le clou étant probablement cette page totalement inutile mais diablement réjouissante de la grenouille balancée par la fenêtre en page 13. Les batraciens qui pullulent à Saint Elme sont les victimes d'une cruauté absurde de la part des protagonistes qui les jettent un peu partout. C'est stupide, mais c'est drôlissime. L'efficacité du polar doit énormément au travail de Frederik Peeters, qui confirme dans ce deuxième épisode son talent incroyable pour découper cette histoire, sa virtuosité pour enchainer les plans sans qu'on réalise l'audace de certains mouvements de caméra qui restent totalement naturels. Ses transitions sont incroyables, avec des plans larges sublimes sur des paysages aux couleurs improbables. Le duo avec Lehmann fonctionne parfaitement, au point qu'on se réjouit de se laisser balader sans tout comprendre, même si on sent que les personnages se rapprochent inexorablement. C'est drôle, sombre, cynique et diablement moderne. Vite, la suite !