L'histoire :
Avec la mort de Roland Mertens, Gregor Mazur reprend entièrement la main sur le devenir de la ville de Saint-Elme, avec son projet touristique hyper ambitieux, et le contrôle absolu qu'il exerce sur le devenir des habitants. C'est sa fille qui va conduire le projet. Pendant ce temps, ses hommes de main essaient de comprendre ce qui s'est passé lorsque Morba a embarqué la gamine qui se trouvait dans le chalet. Le Derviche pressent de graves évènements à venir, tandis que les acolytes de Mazur rêvent de coups d'éclat pour terroriser la population, comme le soir de la vache brulée. Franck Sangaré a survécu aux tortures subies dans les sous-sols de l'usine d'eau minérale. Il quitte son lit d'hôpital et rejoint Philippe et Dombre dans leur recherche de la vérité. De leur côté, Romane et Paco s'occupent de la petite Katié qu'ils ont trouvée dans la petite maison de montagne que Romane imaginait louer pour son père. Tous les éléments se rapprochent inexorablement, et lorsque Franck va rencontrer le père de Romane, assis à la table de l'auberge, il va surprendre tout le monde. Il voit lui aussi la femme assise en face de lui, alors que tous ne voient qu'une chaise vide, une femme aux vêtements ensanglantés, qui témoigne.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Il y a quelque chose d'exceptionnel dans le talent graphique de Frederik Peeters, qui contribue énormément à rendre cette histoire démente absolument fascinante et accrocheuse. Dans ce dernier épisode, c'est la violence qui domine, tout ce qui était en attente explose littéralement. Mais au-delà de la virtuosité des scènes d'action, la puissance des regards des personnages est impressionnante et nous sidère par moment, avec la petite Katié qui tient un rôle tout particulier. Le dessinateur a pu aussi nous tenir en haleine sur un simple paysage, en construisant un huis-clos à ciel ouvert dans ce village, avec son usine, son hôtel, ses chalets perdus dans les montagnes. Peeters est une véritable signature qui transcende le style narratif de la BD franco-belge, il n'y a peut-être que lui et Brüno (le dessinateur de Tyler Cross) dans le paysage bédéphile actuel pour ouvrir des horizons radicalement différents, tout en restant hyper efficaces. Ces cinq tomes auront été fascinants, surprenants, avec des touches d'humour inattendues (pauvres grenouilles !). Un aboutissement également pour Serge Lehman qui signe un scénario remarquable de polar noir ultra contemporain. Le duo fonctionne remarquablement, on le savait déjà avec L'Homme Gribouillé, c'est plus que confirmé ici. Les deux styles se complètent, la folle imagination de l'un s'appuyant sur la puissance visuelle de l'autre, pour aboutir à un récit au tempo constamment soutenu, sans temps mort. Avec la juste dose de surréalisme et de magie qui sublime de nombreuses scènes de cette histoire unique.
