L'histoire :
A Smoke City, 6 malfrats, chacun spécialiste dans son domaine, s’étaient séparés il y a 6 ans, suite à un braquage raté… Aujourd’hui, la bande se reforme, pour une arnaque originale et lucrative : le riche et méphistophélique Mr Law leur a demandé de voler une « momie » lui appartenant, dans un musée, afin de toucher la prime d’assurance. La sexy Carmen, qui a jadis trahi le groupe, parvient non sans mal à remotiver ses troupes et Franklin « le fou » échafaude donc un plan génial. Puis son fils Cole mène les opérations impeccablement à leur terme… Jusqu’à ce que la fausse ambulance avec laquelle ils s’enfuient soit immobilisée par l’inspectrice Ruben et ses policiers, visiblement au courant de leur stratégie. Les membres de la bande croient alors tous à une nouvelle trahison. En réalité Ruben a passé un pacte avec Cole : tout ce qu’elle veut, c’est coincer Law et elle oblige désormais la bande à collaborer avec elle. Un traquenard est donc mis en place pour le rendez-vous entre Cole et Law. Mais au moment où les policiers se montrent, une fusillade éclate. C’est un carnage : Law s’enfuit, il enlève Carmen et Cole récolte une balle dans le crane. Toujours vivant, malgré sa blessure, il trouve de l’aide chez son ami samurai Hideaki. La tête bandée, fébrile, Cole se rend en compagnie de ce dernier au sommet du building de Law pour régler ses comptes. Law est alors en train de coordonner d’étranges préparatifs pour sa fuite…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans un décorum teinté de steampunk, sorte d’hommage à Sin City, le réjouissant premier opus de Smoke City avait déroulé, en deux temps, un classique de genre : recrutement et présentation d’une bande de truands spécialistes + savant braquage d’une… « momie » ! Trois ans et demi après cette mise en bouche, Mathieu Mariolle (le scénariste) et Benjamin Carré (le graphiste) rassasient enfin leurs lecteurs avec la fin du diptyque. On s’en doutait : celle-ci verse pleinement dans le fantastique, avec la révélation du caractère satanique de l’affaire. Mariolle déroule son histoire selon une narration maitrisée, alternant présent et flashbacks, dissimulant le plus longtemps possible le mécanisme surnaturel et ponctuant le tout d’une sympathique fin ouverte. Néanmoins, la tournure démoniaque devient ici plus triviale (et plus commode) que la précédente présentation de l’équipe et l’échafaudage du casse. Les dialogues perdent aussi, hélas, un peu de leur humour… En revanche, sous les photomontages et bidouilles à la palette graphique de Benjamin Carré, les ambiances patinées, le soin ultime des détails et les cadrages sont une nouvelle fois ensorcelants (un modèle du genre). Néanmoins, si l’exercice reste de haut vol, l’harmonie des éléments qui composent l’image finale est souvent moins travaillée. Carré emploie plus d’inserts photo bruts, de flous artistiques, sans toujours pallier les problématiques de focale ou gommer les raccords. Un dommageable sentiment de lire un roman-photo patchwork transparait alors parfois et bride la lecture. Mais on chipote, car dans l’ensemble, malgré la constitution statique inhérente à l’exercice, l’atmosphère glauquissîme qui se dégage de ce diptyque fantastique fascine véritablement…