L'histoire :
En plein cœur du moyen-âge, la truie d’un humble porcher aurait vraisemblablement assassiné de sang froid un pauvre cavalier galopant en pleine rue. Ayant effrayé le cheval, son propriétaire se serait retrouvé à même le sol piétiné par sa monture. Justice devant être rendue, la truie est mise aux fers et envoyée en prison où elle attendra son jugement pour meurtre. Compagnon de cellule de la pauvre bête, un rat courageux décide d’aller quérir l’aide d’une âme charitable pouvant venir en aide à la truie. Après avoir raconté les mésaventures du cochon à une corneille, cette dernière motive un mendiant, ancien avocat, à prendre la défense de la créature. Avec l’aide de l’oiseau et de quelques témoins, le nouvel avocat décide de défendre corps et âme le propriétaire de la truie et cette dernière. Mais le moyen-âge est une période obscure où la justice va bien trop souvent de paire avec la religion. L’avocat aura fort à faire face à la corruption et l’obscurantisme, tentant le tout pour le tout pour lui mettre des bâtons dans les roues.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Laurent Galandon et Damien Vidal nous offrent une bien belle fable sur la cause animale, la justice et la dichotomie entre les hommes. Déjà à l’œuvre sur le très bon A fake story (illustré par Jean-Denis Pendanx), Galandon propose une histoire avec un postulat tout simple mais possédant tout de même un fond de complexité intéressant, avec cette affaire pénale accusant un cochon de meurtre, comme pour mettre en avant la bêtise humaine nourrit de l’obscurantisme, de l’ignorance, de la corruption et du pouvoir. Non dénué d’humour bien senti, avec les différentes interactions entre animaux et autres déclarations abracadabrantes des juges, l’auteur réussit haut la main le pari de proposer un texte répondant à la lettre au cahier des charges de la fable : un texte pouvant donner une leçon de vie, quelque peu naïf et fortement allégorique. Bel exercice et bel effort présent dans les dialogues, qui nous plongent, le temps de quelques pages, en plein cœur du moyen-âge, avec ce parler si particulier et laissant parfois la place à quelques moments de prose. C’est peut-être sur le plan graphique que la bande dessinée pêche le plus. Le dessin de Damien Vidal n’est pas désagréable à l'œil, mais il possède toutefois une touche très brusque, voire abstraite par moment. Certes, cela peut desservir le côté « simple » et « innocent » de la fable, mais ça laisse toutefois le lecteur sur sa faim de détails. Les personnages ont des contours définis et des couleurs simples, mais identifiables, la ligne est parfois tremblante et peu nette. Un bon moment de lecture : absurde, réflexif et irrévérencieux.