L'histoire :
Il y a une raison pour laquelle on trouve les nouveau-nés laids, et aussi une nécessité vitale qui les oblige à hurler tout le temps, avec une efficacité énergétique d'ailleurs bluffante. La science explique beaucoup de choses et certains chercheurs passent leur temps sur des sujets parfois bizarres, comme l'expérience du couteau fabriqué par un homme préhistorique avec ses propres excréments, et congelé pour servir d'arme. On comprend aussi, les calculs le démontrent, pourquoi Spider-Man devrait avoir perdu un tiers de son poids à chaque balade dans New York si la toile qu'il génère venait de son propre corps. D'ailleurs, où se situerait la réserve de toile si le super-héros en avait une ? Marion Montaigne poursuit son exploration de grands thèmes scientifiques et les vulgarise à sa sauce, notamment la question cruciale des joueuses de foot qui simuleraient moins les blessures que leurs homologues masculin, chiffres à l'appui !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
C'est évidemment une recette qui fonctionne, mais il faut reconnaitre à Marion Montaigne un talent très particulier et un travail de fond impressionnant pour continuer son entreprise de simplification des grandes questions scientifiques. Sans oublier les questions qu'on ne se posait pas, mais sur lesquelles elle a enquêté avec un beaucoup d'intelligence. Elle a des fulgurances hyper drôles pour illustrer des concepts aussi peu mainstream que l'entropie. Ou encore, elle nous bluffe en poussant assez loin le décorticage de la pandémie de Covid 19, avec le professeur Raoul qui intervient comme la souris de Gotlib dans Rubrique à Brac. Elle assume complètement sa situation de quadra avec des blagues dont elle précise qu'elles sont un peu datées, mais elle montre aussi la nature de ses recherches avec une multitude de comptes Instagram qu'on a envie de suivre parce qu'elle les mentionne dans ses gags. Mine de rien, elle poursuit son filon de vulgarisation scientifique poussée vers l'absurde avec un talent que peu d'auteurs partagent. On voit le vrai boulot derrière cet album, on sent bien que c'est elle-même qui a construit la manière dont elle allait tenter de nous expliquer des choses parfois très compliquées. En une douzaine de séquences, elle se permet des allusions à la vie politique, médiatique, des vannes assez trash et une dose réjouissante d'humour potache. Son dessin reste simplissime, mais son efficacité est là avec un vrai sens de la mise en scène qui est souvent le point faible de ce genre d'exercice. En bref, un tome très réussi, qui vous accroche vite et peut se lire par petits bouts, posé sur la table du salon.