L'histoire :
Lucie passe ses vacances en Italie près de la mer, pour la première fois sans sa mère. Ses journées sont assez monotones et se ressemblent un peu toutes... Jusqu’au jour où elle fait la connaissance de Ricardo, un enfant de son âge. En vacances avec sa grand-mère, il a l'air également de s'ennuyer, seul sur cette plage. Ils se lient d'amitié, se retrouvent chaque jour et passent beaucoup de temps ensemble à jouer, inventer des histoires et rigoler. Un jour, ils voient un drôle d'animal, un « poisson avec des jambes et chaussé de baskets », qui parle ! L'aventure commence alors pour les deux camarades. Cette créature leur raconte la vie sur l’île voisine, l'île de Gallinara, juste en face de la plage sur laquelle ils jouent tous les jours. Mais pour l'heure, il est sur le continent, car un de ses amis, un habitant de son île, aurait disparu ici sur leur terre. Lucie comprend que ce « petit monsieur court avec une grosse tête », qui se prénomme Roberto, est l'ami disparu et recherché par le poisson. Il est là, caché dans la maison où elle vit, et elle seule peut le voir. Roberto leur raconte son histoire, l'enfant qu'il a été et son drame. Car il a le pouvoir de montrer le passé, mais aussi l'avenir, leur vie d'enfant, mais également d'adulte ! Dès lors, ils n'ont plus qu'une idée en tête : permettre à tout prix à Roberto de retrouver les siens...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
On ressent la tristesse de Lucie dès les premières pages de ce voyage quasi muet. L'absence de texte se marie parfaitement avec l'ambiance du début des vacances et le départ de sa maman. D'ailleurs le graphisme est aussi en accord, tout en noir et blanc. Mais au fil des pages, on a l'impression de découvrir les vraies couleurs de l'été, la mer et les vacances : la vie resplendit dès que Lucie commence à sourire et aimer ses vacances. Encore une fois, Grégory Panaccione nous régale par son coup de crayon. On se souvient de cette BD écrite par Wilfrid Lupano, Un océan d'amour, muette et pourtant si expressive ! Ici, les seules bulles de texte servent à faire parler le poisson qui, on le sait tous, bulle simplement d'ordinaire ; et puis sur la fin, le chien du couple d'amis. Les aventures de Lucie – ou la réalité des vacances ordinaires – et la fiction s'entremêlent avec brio. Les émotions retranscrites par le dessin – la peur, l'ennui, la stupeur, l’émerveillement, le rire, le regard des yeux d'enfants – font oublier l'absence de texte… Mais une question subsiste : le paradoxe entre cette réalité monotone et ce récit totalement inventé. Serait-ce l'ennui qui explique le débordement d'imagination de Lucie ? Ce conte silencieux, tendre et doux se déroule tant sur le graphisme, que sur l'histoire, le regard et l'imaginaire enfantin. Il faut noter tout de même que cette histoire s'inspire d'un drame réel survenu en 1947 : un bel hommage à ces orphelins disparus dans le naufrage de l'Annamaria qui transportait principalement des enfants. Ne sachant pas nager, la moitié des passagers a péri en mer...