L'histoire :
1er Novembre, 1975, Ostie, non loin de Rome. Dans un terrain vague, un homme est lynché et roué de coups de bâtons par une bande. Des « Traître, païen, fils de pute » jaillissent de la bouche des assaillants. L'homme est achevé avec une pierre. L'un des meurtriers se rapproche d'une Alfa Roméo stationnée à quelques encablures. Il entre dans le véhicule et exécute une marche arrière rapide et direction du corps de l'homme gisant au sol. Il l'écrase en effectuant des va-et-vient... Un ange vient au chevet de l'homme qui n'est autre que Pier Paolo Pasolini.
1974, Festival de Cannes. Pier Paolo Pasolini remporte le Grand Spécial Prix du Jury au Festival de Cannes pour Les Mille et Une Nuits. Devant les projecteurs, il sourit, mais en coulisses, il s’effondre, pris de nausées. Une voix intérieure le hante : « Que fuis-tu, Pasolini ? » Lors d’une interview, il dénigre son succès, abjure ses films récents : « Je me dégoûte, j’oublie tout ce qui comptait. » Les souvenirs resurgissent : son enfance en Frioul, un professeur voulant le rétrograder, un père inflexible refusant que son fils devienne un « bon à rien ».
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Un ange trépasse... Salo, Les 120 jours de Sodome, Théorème, Porcherie, Pierre Paolo Pasolini a signé des chefs-d’œuvre du septième art. Pour le cinquantième anniversaire de sa disparition, L’Ange Pasolini déploie ses ailes et revient sur la vie mouvementée de ce réalisateur iconoclaste qui avait le goût de la transgression. Le scénario de Denis Gombert et Arnaud Delalande, richement documenté, alterne entre passé et futur pour cerner cet artiste insaisissable. L’album s’ouvre sur son assassinat brutal, dans l’Italie des années de plomb, et remonte le fil de son existence marquée par la révolte et l’excès. Entre sa passion pour le peuple et son rejet du présent, ses contradictions éclatent dans une narration fragmentée, elliptique et envoûtante. Le dessin d’Éric Liberge, d'un noir et blanc profond, capte à merveille cette tension dramatique. Son trait vaporeux confère à l’ensemble une aura à la fois onirique et charnelle. Ce n’est pas une biographie linéaire à proprement parlé, mais une immersion troublante dans l’âme d’un artiste habité par le sacré et le subversif. Toujours avec une poésie bien à lui.
