L'histoire :
L'été 1944, lors du débarquement américain en Normandie, le jeune Billy accomplit un exploit. Il balance une grenade dans un bunker allemand, puis s'auto-congratule de cette prouesse en agitant son casque à l'intention de ses camarades restés à l'arrière. Hélas, un officier SS le remercie en lui tirant une balle dans le crâne. Près de 10 ans plus tard, aux USA, le shérif Cole Parker est appelé à se rendre chez un cultivateur, qui vient de retrouver un squelette dans son champ. Lors des premières constatations, Cole établit que le cadavre est semi enterré là depuis près de 10 ans et que la mort n'a rien de naturelle : une balle allemande de 9mm est retrouvée dans sa boîte crânienne. Bizarrement, ce fait divers interpelle les huiles du Pentagone. L'un des généraux en chef envoie un agent spécial du FBI sur place, ne serait-ce que pour éviter que la CIA s'en mêle. Percy Lindley débarque ainsi à Meridian. Avec l'air de ne pas y toucher, il comprend vite que les autorités locales cachent quelque chose de sensible. En parallèle, le général qui suit l'affaire à distance rend visite au professeur Gottlieb dans un centre psychiatrique très spécial du Maryland. Chimiste de profession, Gottlieb est le chef du projet top-secret MK, qui plonge des cobayes humains dans des états euphoriques sévères à partir de LSD. Quand il découvre jusqu'où vont les expériences de Gottlieb, le général est saisi d'écœurement...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ça commence comme un polar classique, dans l'Amérique profonde des années 50. Un squelette suspect est retrouvé, avec une balle d'un temps révolu fiché dans la tempe. Des flics de différents milieux enquêtent et se marchent sur les plates-bandes de manière trop suspecte pour que ça soit anodin. On comprend que les fantômes de la seconde guerre jouent un rôle prépondérant dans l'affaire... et plus on avance, plus on comprend que la dimension polar n'est qu'une partie émergée du véritable sujet que souhaite aborder le scénariste Philippe Pelaez : les expériences chimiques et psychologiques immondes menées sur des cobayes humains, connues par les experts sous le nom de « MK Ultra Project ». Le « Mind Kontrol » vise en effet à produire une chair à canon massive de super soldats insensibles et obéissants, jusqu'au suicide. Le top-moumoute en matière d'humanisme ! Le scénariste fournit d'ailleurs un dossier final particulièrement abouti sur ce programme authentique de l'armée américaine. Si le sujet est piquant, son développement en thriller souffre cependant de grosses lacunes en matière de fluidité et d'imperfections graphiques. La composition des cases est souvent mal fichue, on peine régulièrement à distinguer les protagonistes, l'ordre logique des phylactères est parfois bancale, les personnages se perdent régulièrement en dialogues inutiles... Ce qui oblige le lecteur à faire preuve de perspicacité et de concentration pour comprendre de quoi il retourne. Afif Ben Hamida montre certes son talent pour le dessin encré réaliste, il lui reste néanmoins quelques progrès à faire en matière de narration séquentielle.
