L'histoire :
Tibaar, Papang et Razilna sont des voleurs de zébus. A Madagascar, ils volent et convoient des troupeaux entiers, à pied, en passant par des régions montagneuses relativement désertées, mais gorgées de soleil. A chaque course, chacun gagne environ deux à trois zébus… qu’ils refourguent ensuite généralement contre d’autres denrées (sel, riz…). Ce jour-là, ils passent par un hameau qui leur a commandé un zébu pour une cérémonie. Une sorte de shaman s’y livre à un rite bizarre avec des graines, pendant le sacrifice du bovin. Et il en ressort une prédiction : il faut sept hommes pour la prochaine course, vendredi, veille du marché, et la lune sera noire ! L’un des hommes présents est un militaire, visiblement corrompu : il échange des armes avec les voleurs. Le week-end suivant, au marché aux zébus de Boplan, nos voleurs sont en embuscade lorsque passe un énorme convoi de plusieurs dizaines de têtes. Ils doivent jouer du bâton et du poing pour neutraliser les convoyeurs officiels. Ils en laissent même un pour mort, après l’avoir jeté en bas d’une ravine. Mais un détachement de militaires a repéré leur manège et leur tire dessus à distance, en tentant de leur barrer le passage…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cette Porte du sud qui met en scène le périple de voleur de zébus est une aventure BD 100% malgache. Donc 100% en dehors des canons de notre bande dessinée franco-belge… mais aussi 100% en dehors des mécanismes séquentiels qui permettent de comprendre et de s’immerger dans un récit. Résultat : il faut s’armer d’une sacrément bonne volonté pour tenter de comprendre ce qui se trame dans cette cavale de voleurs et de zébus. Ce dont on est certain : il y a des voleurs de zébus, des militaires qui les traquent et des zébus partout, qui se baladent à travers les paysages sauvages du sud de l’île. Mais il est difficile de piger dans le détail ce qui relie le tout. Les scènes d’action sont confuses, les protagonistes se ressemblent tous un peu (les zébus aussi), les interjections locales sont impénétrables… De temps en temps, l’un d’eux se met à soliloquer en aparté, comme on le faisait anciennement au théâtre, pour décrire sa destinée… à laquelle on ne comprend pas grand-chose. Les bulles lettrées en gros caractères épais donnent aussi l’impression que les protagonistes hurlent leur texte. Bref, le scénariste Johary Ravaloson s’exprime dans un langage bédessiné qui peine clairement à nous parler, nous autres rompus à l’art séquentiel « occidental ». Cette confusion est renforcée par le dessin de Ndrematoa (de son vrai nom Dieudonné Rakotomenjanahary). L’artiste a une griffe propre et étonnante, à la fois caricaturale et semi-réaliste, intéressante pour les passages contemplatifs (décors de pierrailles et troupeaux), mais trop souvent disproportionnée, épaisse et confuse sur les traits de visage des personnages, qu’on ne distingue absolument pas (voir couverture). Ourgh.