L'histoire :
Un jeune homme qui rêve de départ vers la France, un autre qui se souvient d'une promenade dans les rues d'un village et d'une profusion d'odeurs. La traversée d'une autre série de rues, de places, pour arriver en forêt devant un char d'assaut immobilisé, symbole de la guerre qui frappe un pays pourtant riche en or noir. Des carnets de route en petits épisodes reflètent les paysages de l'Afrique, montrent les contrastes, les hommes et les femmes qui les subissent. Des portraits immobiles et des moments suspendus se succèdent, mais parfois c'est l'histoire de ce continent longtemps exploité qui se dessine à travers les engins de chantier, les ports, les clôtures. Une découverte de l'Afrique racontée par des voyageurs ou par des hommes qui y vivent, sans repères géographiques, mais pleine de sensations visuelles.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cette réédition d'un des premiers albums de Laurent Bonneau est une belle occasion de replonger dans la facette contemplative de son travail avec, page après page, des moments intenses et muets qu'il retranscrit avec la multiplicité de styles graphiques qu'on lui connait. A l'époque, il avait déjà publié Metropolitan, un polar épatant en trois tomes qui restera son unique incursion dans le genre. On comprendra très vite que le dessinateur voulait continuer d'explorer les ambiances et les techniques, ce que ces Nouvelles Graphiques mettent en évidence. Beaucoup de choses se sont passées en dix ans pour cet artiste incroyablement original, qui a attiré l'attention de grands scénaristes et du grand public, avec Ceux qui me restent scénarisé par Damien Marie, ou la fameuse Etreinte avec Jim. Mais même dans ces œuvres plus mainstream, le regard de Bonneau trouve le moyen de s'arrêter sur des impressions qu'il appuie, leur donnant une densité artistique unique. Ce nouvel album est l'occasion de replonger au cœur de cette dimension picturale singulière, avec ces portraits répétitifs de l'homme au Tee-shirt Obama, ces silhouettes sur la plage, cette immense coque de navire qui rappelle Nicolas de Staël. Une série de témoignages directs, dont le ressenti reste souvent au libre arbitre du lecteur, des images superbes qu'on a envie de regarder encore et encore. Un album singulier et superbe, encore un !
