L'histoire :
Fin juillet, un nouveau championnat de football est sur le point de débuter en France. Au Centre Technique National de Clairfontaine, les arbitres peaufinent leur entrainement et s’apprêtent à subir une nouvelle fois les foudres des commentateurs et des journalistes. L’un d’eux, Denis, va entamer sa dernière saison : le règlement lui impose une limite d’âge. Au même moment, Ahmed est élu responsable des tifos (banderoles) pour le Kop Panam, au sein de son club de supporters du PSG. Le sujet du moment avec ses copains, c’est l’arrivé de Stambou, joueur vedette : son expérience est-elle un atout pour l’équipe ou va-t-elle plomber l’ambiance dans les vestiaires ? Le lendemain, Justin Corsico se rend à la rédaction de l’Equipe, où il est journaliste, en écoutant l’émission radio de jean Duplantier. Pour lui aussi, le retour de Stambou en France est l’info prioritaire. Ce même jour, Johana Stambou, l’épouse du joueur, doit gérer seule l’emménagement familial dans une villa de campagne. Au milieu des cartons, elle reçoit un appel téléphonique de son amie Mary, épouse d’un autre joueur. La presse à scandales a titré sur leur dernier clash, totalement fictif. Blasées, elles s’en amusent…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
N’en déplaise aux banals rabat-joie et aux pseudo-intellos, le football médiatique peut-il une vraie passion, et une passion saine ? Comme Robin Walter le fait dire par la bouche d’un journaliste : « Il est plus facile de trouver des interlocuteurs pour parler football que pour parler politique ou économie. Le foot est un lien social ». Avec ce diptyque en devenir, l’auteur se livre à un exercice de réhabilitation multi-facette du célèbre sport-system. Quasiment à la manière d’un documentaire sur la Ligue 1, il nous est donné de suivre une poignée de personnages récurrents, en alternance. Tous sont acteurs majeurs de la sphère footbalistique et chacun évolue dans un contexte différent. Joueurs, arbitres, présidents, agents, journalistes, supporters, femmes de joueurs… Ils sont ici présentés sous un jour non-polémique, en proie à des problématiques authentiques que le prisme médiatique et les postures prémâchées travestissent souvent en mini-scandales. Non, les arbitres ne sont pas tous des incompétents soudoyés : leur job difficile n’est pas aidé par les contraintes réglementaires. Non, les journalistes ne servent pas qu’à jeter de l’huile sur le feu : eux aussi doivent composer entre les « leviers » nécessaires, l’audience et leur déontologie. Non, les joueurs ne font pas que du cinéma en se roulant sur le terrain : une béquille peut être très douloureuse et leur boulot consiste à surpasser la douleur. Non, les supporters ne sont pas que des bœufs décérébrés : leur passion rythme profondément leur vie. Dans ce premier opus de 69 planches, un fil rouge réunit toutes ces considérations : l’émission radio de Jean Duplantier, qu’on voit à peine, mais qui analyse et porte en voix off les étapes de cette phase de championnat. Walter ne cède pour autant pas au plaidoyer, sa narration reste d’une grande sobriété. Sur un sujet aussi bouillant et actuel – le premier tome sort judicieusement en pleine période de Mundial brésilien (2014) – on comprend pleinement le parti-pris d’observateur sage, sans sensationnalisme. Or cette pondération confine parfois à l’austérité, car elle est relayée par un dessin encré sérieux mais un poil figé, lui aussi, qui bride l’enthousiasme. En ressort néanmoins une mise au point bienveillante et quasi-documentaire, utile pour qui s’intéresse au foot.
