L'histoire :
Trois mystérieux agents – deux hommes et une femme – papotent dans l’obscurité d’une voiture garée devant un snack. L’un d’eux en sort et va s’installer à une table, une minute à peine avant la fermeture. Il a un deal à proposer à la serveuse pour renflouer son commerce en perdition. Un deal peu avouable en public, du genre pacte satanique… Cette proposition a-t-elle un lien avec l’histoire du jeune Lenny ? En un autre temps, ce gamin joue devant la maison de son grand-père, une bicoque abandonnée au bord d’une route américaine. S’arrête alors à son niveau une Pontiac rouge, pour demander une direction. Le gamin donne le renseignement et l’automobiliste redémarre sur les chapeaux de roue. Le grand-père, ancien shérif à la retraite reconnait trop tard son ennemi juré de toujours, Harry Cactus Sullivan. Aussitôt, il attrape son fusil, fait monter Lenny à bord de sa guimbarde et se lance dans une course-poursuite haletante. Mais sans ses lunettes, le vieux est-il bien sûr d’avoir reconnu le tatouage de Bugs Bunny que porte Harry Cactus Sullivan sur l’avant-bras ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
« Versus », telle est le nom d’une organisation mafieuse et ésotérique, qui se fait chèrement rétribuer pour… heu pour quoi, exactement ? Il semble en effet que ce paramètre volontairement hermétique de ce one-shot ne soit qu’un prétexte pour relier 4 récits à hautes tensions, mais qui n’ont ni finalité précise, ni grand-chose en commun. Au scénario, Josep Maria Polls semble avoir eu deux lignes de mire : l’hommage au cinéma de genre option western déjanté tarantisnesque, et les feuilletons façon The Hitchhiker (le voyageur). A la manière de ce genre de série TV au goût suranné, Versus met en scène de courts épisodes fortement tragiques et indépendants, juste reliés par des interludes de l’énigmatique trio de narrateurs. Entre deux, sans avant ni après, les séquences misent tout sur l’action. Grâce aux encrages semi-réalistes soignés et punshy de Jose Maria Beroy, celle-ci est néanmoins parfaitement efficace. Primo, dans ce qui ressemble au Nevada, un shérif bigleux s’excite à pourchasser en bagnole son ennemi de toujours (réel ?). Deuxio, sur un steamer de l’Amazone, une joueuse maladive tente de fuir son âme damnée et perd la boule. Tertio, deux plongeurs s’entretuent en sous-marin pour une femme. Quatro, un grand restaurant devient le théâtre d’une torture écœurante… pour une cause fort peu explicite. Bref, il faut avant tout aborder cet album peu cohérent comme un exercice de style visuel.