L'histoire :
Dans cette ville où les hommes vivent séparés des femmes, Anathaël va participer pour la première fois à une journée de vie commune. Au cours de ces rencontres organisées par le pouvoir, chacun se voit attribué une personne du sexe opposé, pour permettre – on le devine – la naissance de futurs enfants. Obsédé par l'image de la très belle Orée qu'il aperçoit sans la connaitre, sur l'autre rive chaque soir, le jeune homme espère que le hasard va les faire se rencontrer. Alors que les groupes d'hommes et de femmes se croisent, les rebelles, que le pouvoir appelle « les Infidèles », préparent l'attaque d'un convoi destiné au tout puissant Présideur. En traversant le centre-ville, ce convoi vise en fait à attirer les rebelles pour leur infliger une cuisante défaite et donner un avantage décisif au pouvoir. Dans le secret du palais présidentiel, un adroïde en construction doit en effet devenir une arme absolue pour tuer dans l'œuf l'avènement de celui que tous les livres annoncent comme le libérateur du peuple opprimé. Lorsque le convoi aura livré ses substances secrètes, le Présideur pourra dérouler sa terrible stratégie. Mais alors qu'il rentre chez lui après une nouvelle déception, Anathaël croise les rebelles et fait une rencontre inattendue.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans ce deuxième volume qui se lit à la vitesse d'un manga, l'auteur approfondit un peu le monde qu'il a mis en place. Il se confirme, sans qu'on en apprenne beaucoup plus, qu'Anathaël va avoir un rôle important à jouer. On assiste à des retrouvailles avec les rebelles et on comprend que le pouvoir va chercher à manipuler le jeune homme. Mais la rapidité des enchainements et la simplicité extrême des dialogues ne donnent pas beaucoup d'occasions au lecteur de plonger dans cet univers pourtant magnifiquement illustré. Il manque pas mal d'expérience à Olivier Boiscommun pour porter sur ses seules épaules la tension dramatique nécessaire qui rendrait crédible un univers totalitaire de cette dimension. On passe ainsi du temps sur des détails relativement superflus (mais à quoi sert ce damné furet ?) quand certaines scènes sont beaucoup trop rapidement expédiées. Et lorsqu'au contraire, une scène s'étend sur plusieurs pages (la scène des retrouvailles), la naïveté des dialogues fait qu'elle passe à coté de son but. Graphiste virtuose, Boiscommun aurait besoin d'un coach scénaristique, un gourou qui lui explique comment donner de l'épaisseur à une mise en scène, et comment mieux maîtriser ses effets. En l'état, cette aventure plaira essentiellement à un public jeune, qui n'aura pas encore tout lu des mondes imaginaires qui peuplent la BD franco-belge depuis une bonne vingtaine d'années.