L'histoire :
Une jeune femme sexy a capturé le scientifique à l’origine de la pommade qui rend invisible. Particulièrement vénale, elle lui explique qu’elle veut sa recette et son stock, afin de mener des braquages discrets et devenir riche. Etant donné que le professeur nie être le découvreur de cette invention géniale, elle met son plan B à exécution : après l’avoir attaché à un poteau, dans l’entrepôt qui lui sert de laboratoire, elle le déshabille complètement. Puis elle l’excite en se masturbant, en lui tripotant l’entrejambe… Enfin, elle le détache et sort à moitié nue par l’unique porte, dans une rue passante, en criant au viol. Rapidement, une horde d’hommes chevaleresques déboule dans le labo pour faire passer un mauvais quart d’heure au professeur. Or, il n’y a plus personne dans la pièce ! En réalité, le professeur a tout juste eu le temps de s’oindre le corps de sa crème d’invisibilité et il attend, silencieux, dans un coin. CQFD pour la jeune femme : la pommade d’invisibilité existe bien ! Une fois ses sauveurs repartis, elle négocie avec lui qu’il lui fasse enfin profiter de la crème. Le savant accepte et explique que pour être totalement invisible, il faut tout d’abord se raser les poils. Dont acte…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En s’emparant du fantasme érotique de l’invisibilité, l’artiste italien Milo Manara livrait dans les années 80 l’un des chefs d’œuvre du 9e art fripon. Aujourd’hui réédité dans une version colorisée (par le studio 9), le diptyque n’a rien perdu de son potentiel troublant : ses créatures sexys sont toujours aussi affolantes et sa base scénaristique toujours aussi fantasque et rocambolesque. Néanmoins, ce second volet est un poil (hihi) moins « pertinent » que le premier. Par exemple, il n’est plus jamais question d’odeur caramélisée pour la crème d’invisibilité… Or Le parfum de l’invisible sans le parfum, ça perd du sens. Le récit parait également franchement décousu. Il est tout d’abord question d’extorquer le secret de l’invisibilité via un plan audacieux (voir résumé). Puis l’héroïne, toujours publiquement à moitié dénudée sans que cela ne lui pose problème, parvient à ses fins, devient riche et se fait finalement doubler, elle est violée dans une boîte de nuit et piégée pour servir de kamikaze lors d’un attentat politique ( !). C’est un peu culotté et confus, cela ressemble à un empilement de séquences certes conformes au registre, mais mal reliées entre elles… Et néanmoins, cela donne lieu à une séquence d’anthologie géniale : la lubrification d’une femme invisible, préalable à l’insertion d’un bâton de dynamite dans son fondement. Comme quoi, on peut être terroriste et avoir de l’imagination. Le talent et la sensualité de Manara s’expriment alors rarement autant que sur ces corps partiellement visibles…