L'histoire :
Délirius, maudite planète au nom prédestiné. Le plus vaste lupanard de la galaxie, où les hommes et les humanoïdes de tous poils viennent assouvir leurs désirs les plus pervers. Une civilisation que Sloane connaît bien, puisqu'il y a des années, il l'a incendiée, propageant la révolte et soulevant les masses en compagnie de son seul ami, Yearl. 20 ans ont passé sans qu'ils se revoient. Mais la créature aux yeux rouges fait un rêve dans lequel apparaît son ami, l'implorant de venir l'aider. N'écoutant que son instinct, comme toujours, Sloane rejoint Yearl sur Alcalante. Son vieux frère d'armes n'a pas changé, mais il s'est assagi. Son trésor de guerre lui a permis de dissimuler sa réelle identité et de vivre confortablement. Après de chaleureuses retrouvailles et une bouteille de Black Chum, Yearl confie que sa fille Mali, âgée de 16 ans, a été kidnappée pour alimenter la traite des femmes. Il est convaincu qu'elle a été jetée dans un des bordels de Délirius. Il n'a pas besoin d'insister : lui et Lone Sloane vont retourner la-bas pour la retrouver, quitte à mettre cette terre à feu et à sang, quitte à y mourir...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En 1970 parait Délirius. Une révolution qui renvoie le sage cadrage franco-Belge, avec ses « cases » régulières, aux callanques grecques. Philippe Druillet explose les conventions, bâtit des planches qui ressemblent à des tableaux et propose ainsi une vision future du 9ème art, bientôt reprise par des auteurs américains devenus aussi prestigieux que Frank Miller ! En 1987, il prépare cette suite avec Jacques Lob, le scénariste de la série. Mais ce dernier tombe malade et décède trois ans après. Arrêt brutal du projet. 2004, c'est cette fois-ci Benjamin Legrand qui reprend le flambeau du récit, mais Druillet doit faire face à des difficultés personnelles, qui justifient les planches d'un faible niveau (il le dit lui-même), malgré le soutien de Jean-Paul Fernandez aux couleurs. 2010, il achève enfin le travail, en ayant refondu le synopsis de l'histoire. Le lecteur peut enfin se régaler des retrouvailles avec le duo Lone Sloane/Yearl. On ne vous cachera pas que l'album reflète aussi ce parcours chaotique. Il y a des hauts, vertigineux, et des bas, abyssaux... Mais comment faire autrement que contempler cet univers hallucinant et morbide que seul Druillet pouvait mettre en images ? Comment faire pour ne pas être emporté par le texte, toujours lyrique ? Druillet restera à jamais comme un auteur majeur. A l'heure où Gir nous quitte, il faut profiter de chacune de ses productions, comme autant de diamants bruts qu'il nous offre. Même moins bon qu'au meilleur de sa forme, cela reste incontournable. Unique !