L'histoire :
Sur Couronne-de-pierre, les humains sont totalement paniqués. Tout semble recommencer, comme du temps d'avant les Dieux Fous, comme au début de la Grande Terreur. Au milieu de cette population primitive et affolée, un vieil homme semble saisir la gravité de la situation, même si son cerveau ne peut concevoir ce qui est en train de se produire. Son instinct lui dicte qu'il est en train de vivre ses derniers moments, comme ceux qui vécurent le temps d'avant, du temps de la Terre. Et sa conscience hurle qu'il n'est pas un animal, qu'il n'est pas seulement fait pour souffrir et mourir. Pourquoi, tout là-haut, doivent-ils toujours vouloir tout réécrire ? Qui désormais pour se souvenir de lui et des siens, maintenant que l’Écume perce de ses lames noires la matière même de la Vie ? Puis c'est au tour d'Almirande, une autre planète, de tomber dans les griffes de l'anti-matière de l’Écume. Pendant ce temps, sur Khazann, un container de masse nulle est intercepté par les autorités. Il contient ce que nul ne pouvait savoir, un émissaire du collectif de Babel, monde considéré comme appartenant aux mythes. L'homme en noir qui y siège exige que les Barons Bleus lui soient amenés, pour aller chercher le-démon-aux-yeux-de-sang...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Est-il vraiment utile de rappeler à quel point Philippe Druillet a révolutionné la BD ? Au milieu des années 60, il explosa le cadre des pages, offrant des visions aussi vertigineuses qu'hallucinées. La puissance de son dessin, le lyrisme de son écriture emportait tout ce qui avait été fait avant lui et ouvrait la voie à tant d'autres auteurs en devenir... Un demi-siècle plus tard, le héros de ses odyssées aux mondes sans fin revient, avec l'approbation de son créateur. Alors autant vous dire que l'essence de ses œuvres est la matière même de ce nouvel opus du chien de l'espace. Si Dimitri Avramoglou s'est lié d'amitié depuis plus de 10 ans à Philppe Druillet, il a su, sur le plan artistique, reprendre à son compte des compositions proprement incroyables. L’œil se perd au milieu de perspectives démesurées, puis revient aux détails innombrables. Le cerveau du lecteur est comme asphyxié et simultanément oxygéné par les couleurs de Stéphane Paitreau, qui explosent et semblent dans le même temps absorbées par la noirceur du cosmos et du propos. Le parfait reflet de la matière et de l'anti-matière, couché sur papier. L'exploit est de taille car le dessinateur n'évolue pas dans le plagiat. A la charte graphique du maître, il ajoute sa patte en donnant vie à des créatures inédites, comme ce monstre qu'est l’Écume. Mais pour faire une bonne BD, un surdoué des crayons ne suffit pas. Et pour prendre la succession de Loane Sloane et en être digne, il fallait une histoire qui lui ressemble. Sur une idée originale de Serge Lehman, Xavier Cazaux-Zago propose une nouvelle aventure en forme de mise en abîme. Babel atteint des sommets, car il revient aux sources de la création du Titan de Druillet. On ne vous en dira pas plus, sauf à vous révéler que cette histoire conduit l'humanoïde aux 6 voyages au centre du Panthéon des personnages de fiction. Lisez cet album qui fait d'ores et déjà date. On ne saura que trop vous conseiller de céder à la tentation d'embarquer sa version Noir et Blanc au format géant... Géant, comme ce retour. Géant, comme l'est Lone Sloane.
