L'histoire :
Sloane faisait partie de ces vautours qui écumaient l’univers. Sans foi ni patrie, sinon celle de l’or. Vendant leurs services au plus offrant, lui et ses compagnons combattaient où l’envie leur prenait, sans pitié. Le guerrier aimait cette activité de mercenaire, mais il s’y ennuyait. A bord de son nouveau vaisseau – La Griffe d’argent – il cherchait une prochaine expédition qui satisfasse sa fureur et son orgueil ! Quand la plus belle des étoiles s’offrit à lui : un empire, au centre duquel brillait la cité de Carthage. Cependant, son équipage ne souhaitait pas le suivre. Ils le prenaient pour un fou, l’accusaient de vouloir les mener à leur perte ! N’écoutant que son désir – et l’obsession d’un visage entre-aperçu – Sloane élimina toute résistance et partit seul vers sa quête. A son arrivée dans Carthage, régnait alors un certain désordre. Après un banquet bien arrosé, les barbares qui avaient combattu contre Rome, ivres, s’étaient soulevés contre leurs maîtres, leur solde n’ayant pas été versée. La clameur arrivait à son comble, quand apparut Salammbô, la fille du suffète Hamilcar, sublime de majesté, subjuguant par son éclat l’assistance entière…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Il est des titres qui marqueront à jamais l’histoire du 9e art. Paru à l’origine dans les pages des magazines Métal hurlant puis Pilote, la trilogie Salammbô demeure encore aujourd’hui un incontournable des genres SF et Fantasy. En quête d’une aventure hors norme qui le transporte, Philippe Druillet choisit en effet d’adapter en bande dessinée le chef d’œuvre éponyme de Gustave Flaubert, mais en transposant l’action à des années lumières en amont, à la frontière du conte et de l’anticipation. Le pari était osé et le résultat fut sans égal. Le mariage des textes – adaptés au besoin – de l’écrivain avec les dessins surpuissants de Druillet se révèle inespéré. La série tient peut-être autant de l’illustration que de la bande dessinée. De superbes planches, au sens de lecture vertical, alternent avec d’autres – une majorité – horizontales, narrées parfois « off » et d’autres fois dialoguées. Témoignage d’une époque, les couleurs et le ton employé sont pleins et sans détour. Précurseur, Druillet a intégré à son crayonné photographies – d’un modèle figurant Salammbô – et nouvelles images de synthèse, pour un rendu discutable à nos yeux. L’esprit – l’allant ! – y était, pourtant. Reprenant le soulèvement des mercenaires barbares contre leurs employeurs carthaginois, à l’issue de la première guerre punique, l’histoire passionne. Au travers des personnages de Sloane et de Salammbô, elle touche à l’essence de l’être : masculin et bestial d’un côté, évanescente et précieuse pour l’autre moitié. La Belle et la Bête. Les enluminures qui ornent les cases de l’ensemble auraient dû nous mettre la puce à l’oreille : nous sommes en présence d’une sorte de cathédrale gothique du 9e art. Un vrai morceau de bravoure. Une expérience de lecture sans pareille qui en inspira tant.
