L'histoire :
En l’abbaye bourguignonne de Notre-Dame de Pic, Sœur Marie-Pénélope, un œil au beurre noir, accourt dans le bureau de la Mère Supérieure Dolorès. En effet, leur nouvelle recrue n’est pas « bonne » : elle cogne, surtout quand on la réveille pour la prière des vigiles à 4h du mat. Afin de tester la ferveur de sa foi, la mère supérieure décide donc de l’envoyer en mission… dans une grande surface. En effet, un écrivain s’y trouve attablé pour dédicacer son dernier ouvrage à scandale : Les bébés fuck. Conseillé par une attachée de presse ampoulée, il cherche la provoc afin de se faire de la publicité gratuite : il a requis la présence d’une troupe de religieuses venues d’une congrégation traditionnaliste qui, soi-disant désireuse de faire respecter la salubrité publique, fera inévitablement monter la sauce médiatique. Mais les journalistes se font attendre et l'écrivaillon ne s’attend à pas vraiment à ce que la délégation de bonnes sœurs soit emmenée par Sœur Marie-Thérèse herself, et elle est durablement énervée…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Sœur Marie-Thérèse (ex-des Batigolles) profite du changement d’éditeur (de Fluide Glacial vers Drugstore) pour changer également de couvent. 7 ans, qu’il aura fallu attendre pour voir notre bulldozer en soutane distributeur de baffes reprendre du service ! Néanmoins, l’étirement des délais entre chaque recueil est sans doute nécessaire pour que ni l’auteur, ni les amateurs, ne se lassent de la recette corrosive… Car, avouons tout de même que si l’anticléricalisme débridé est toujours jubilatoire, les aventures sont toutes un peu les mêmes. Cette fois, SMTDB (en abrégé) ratatine les pratiques marketings puantes, émascule un curé pédophile, pulvérise des chasseurs fachos, débusque Dracula dans son château des Carpates, et part en guerre contre de crapuleux producteurs d’OGM. Le propos politique est en effet toujours sous-jacent. Au passage, elle s’adonne toujours autant à la subversion religieuse, picole, jure, s’énerve et se drogue à toutes les substances prohibées possibles. Graphiquement, c’est un nouveau bonheur. Le dessin caricatural soigné et spontané de Maëster, sciemment ultra-chargé, est à la fois l’atout majeur et la limite de l’exercice. Les cases qui ne pullulent pas de détails truculents, débiles et parodiques, dans les coins ou en arrière-plans, se comptent sur les doigts d’une main ! Résultat : à force de passer son temps à tourner l’album dans tous les sens pour ne rien louper, on peine à suivre la trame des scénarii principaux…
