L'histoire :
Robert Badinter naît à Paris le 30 mars 1928. Il est le premier de sa famille à naître Français, ses parents ayant été naturalisés deux mois plus tôt. Issus de la Bessarabie, un territoire alors sous domination russe, ils ont fui les discriminations et les pogroms visant les Juifs. Son père, Simon, voit en la France une terre de liberté, le pays des Lumières, de Voltaire, d’Hugo et de Zola, le premier à avoir accordé la citoyenneté aux Juifs en 1791. Il fait fortune dans le commerce de la fourrure et offre à sa famille une vie bourgeoise à Passy, dans une culture laïque éloignée de la religion. Mais en 1940, la guerre bouleverse tout. La famille fuit à Nantes, puis assiste à l’arrivée des Allemands. Les soldats paradent en vainqueurs, tandis que le régime de Vichy s’empresse de démanteler la République. Juif sans être pratiquant, Robert perçoit le basculement du pays et l’atmosphère pesante qui s’installe. Le rêve républicain de son père s’effondre alors que l’extrême droite impose son idéologie antisémite.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Robert Badinter est une des figures incontournables du XXème siècle aux côtés de Simone Veil. Ces deux personnages sont inséparables, puisque Robert Badinter sera prochainement panthéonisée comme Mme Veil en 2018. Garde des Sceaux en 1981, il reste dans l’histoire comme l’homme qui a aboli la peine de mort en France. Un évènement marquant, un tournant fondamental dans la justice républicaine et dans un pays qui a inventé la guillotine. Cette BD suit une construction classique, retraçant sa vie de manière linéaire, mais elle se distingue par son approche introspective. Jean-Yves Le Naour, historien spécialisé du XXème siècle, s’attache à capturer la personnalité de Badinter, son charisme silencieux et son engagement inébranlable pour la justice et la liberté. On perçoit la rigueur du travail documentaire, qui donne du poids à la narration, très introspective, comme s'il avait voulu capter la pensée de cet homme très discret. Le dessin de Marko, sobre et efficace, évite l’emphase et offre des compositions marquantes, comme celle de la guillotine baignée de lumière. Un biopic classique dans sa forme, mais puissant dans son propos, qui restitue avec justesse le combat d’un homme d’exception.