L'histoire :
Camille, une roussette française de presque 20 ans, rend visite à sa mère expatriée depuis des années à Singapour, Suzanne Rochant. Pendue au téléphone, cette scientifique de haut vol semble alors noyée dans un déluge de tracas professionnels. Moralement, la jeune femme est quant à elle encore tourmentée par l’avortement qu’elle vient de subir. Elle ne se sentait tout simplement pas prête à être mère, mais elle culpabilise… Bref, les deux femmes auraient eu besoin de discuter, mais un énième coup de fil professionnel, visiblement très important, interrompt leurs retrouvailles. Camille en profite pour s’éclipser et aller se saouler seule dans un bar une partie de la nuit. Quand elle rentre chez elle, sa mère lui a laissé un énigmatique message vidéo, en forme de SOS. Camille file donc aussitôt à la villa maternelle… qu’elle découvre en flammes, des cohortes de pompiers tout autour ! Grièvement brûlée sur un brancard, Suzanne a le temps de lui dire, dans un dernier souffle : « trouve l’ange ». Les jours suivants, Camille s’occupe des funérailles et de la succession. La police reste sceptique sur l’origine de l’incendie et n’exclue aucune piste. Camille récupère alors des dossiers du Simorg, le labo où travaillait sa mère. Elle s’interroge sur certains documents et notamment les adresses de deux inconnus : Yashna Shankari à Bombay et Bram Mangold à Los Angeles. Une lettre est également cachetée à l’intention d’un angolais, Ze Teixeira. Sans l’ouvrir, elle décide d’aller lui remettre en mains propres, pour comprendre. Elle n’est pas au bout de ses surprises…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les éditions Dupuis ont annoncé très tôt cette série-concept d’un nouveau genre : les 6 tomes de 60 pages, tous programmés pour 2011, dévoilent des intrigues parallèles, pouvant être lues dans n’importe quel ordre. Chacun des tomes, nommés comme autant de protagonistes, apporteront chacun une part de réponses et constitueront une pièce de puzzle, pour aboutir à un thriller d’anticipation d’envergure. Car on nous promet « une découverte scientifique d’une portée phénoménale ». Et le pitch continue : « Ils sont 6. Ils ne se connaissent pas. Ils ont l’avenir de l’humanité entre les mains ! » Rien que ça ? Et bien promesse tenue ! Ladite découverte révélée dès ce premier opus d’Alter ego (il faut tout de même mariner jusqu’à la page 50), n’a pas grand-chose à envier aux meilleurs récits d’anticipation (Barjavel & Cie). Surtout, les scénaristes Denis Lapierre et Pierre-Paul Renders n’ont pas leur pareil pour ferrer le lecteur par le truchement d’une narration savoureuse, inspirée par les ficelles des meilleures séries TV américaines. Il est certes trop tôt pour jauger de la pertinence du mécanisme des lectures entrecroisées, mais pour le moment, il faudrait être drôlement rabat-joie pour être déçu, tant l’intrigue est rythmée, maîtrisée, prenante ! Il faut aussi reconnaître que l’organisation des auteurs en « studio virtuel » porte plutôt bien ses fruits. Sur ce « tome 1 » (nommons le ainsi, bien que le concept annule toute numérotation), Mathieu Reynès s’est chargé du dessin des personnages et du storyboard, Benjamin Benéteau des décors, Albertine Ralenti des couleurs… et l’ensemble édifié par Internet interposé ne souffre pourtant d’aucune incohérence visuelle. Au contraire, le dessin semi-réaliste dynamique, extra-fluide et soigné séduit pleinement. Désolé, cette chronique s’arrête subitement : l’appel de l'autre tome est plus fort que tout…