L'histoire :
A Johannesburg, Miranda Grynson tient un meeting public pour le compte de la fondation humanitaire WWZA. Elle explique le processus de dépistage systématique du sida : les soins prodigués aux malades, la vaccination inoculée aux autres, le petit tatouage sur l’épaule comme marque de ralliement à une croisade sanitaire… Et annonce que grâce à la méthode, la maladie sera bientôt éradiquée de la surface de la Terre. Le discours terminé, alors qu’elle est seule dans sa suite d’hôtel, elle est agressée à la seringue par un inconnu caché là, Fouad. Cet ancien infirmier belge va l’obliger à révéler un scandale devant les télés du monde. Pourtant, 5 semaines plus tôt, alors qu’il est engagé bénévole en Colombie pour la WWZA, Fouad est encore le fan numéro 1 de Miranda Grynson. Par hasard, il repère une curiosité dans le processus de dépistage sur la population locale… En effet, selon lui, il y a de fortes chances que Zelia Andrade, une jeune femme, ait servi de cobaye à son insu, pour tester un produit pharmaceutique ! A peine évoque t-il la question avec sa hiérarchie, qu’il est renvoyé ! Il a désormais la puce à l’oreille et se met à enquêter en solitaire. De retour à Bruxelles, il est aidé en cela par une amie, Miep, une punkette experte en réseaux informatiques. Ce qu’ils vont découvrir ensemble dépasse tout ce qu’ils avaient pu imaginer…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Comme l’exige le principe de cette série-concept, ce « tome 2 » n’est pas une suite du « tome 1 »... d'ailleurs les albums ne sont pas numérotés : l'histoire se déroule en parallèle et focalise sur les problématiques d’un autre personnage. Ici, un infirmier belge prénommé Fouad se transforme en terroriste pour révéler au monde le scandale pharmaceutique de grande ampleur qu’il a soulevé. Fouad, on l’aperçoit à la télé dans Camille, en train de prendre en otage Miranda Grynson, elle-même à la tête de la fondation WWZA… fondation créée par la mère de Camille, héroïne de l'autre tome. Le lien est ainsi correctement établi. Pour autant, l’intrigue n’est jamais redondante et la fameuse découverte scientifique demeure préservée. Exquis, le scénario de Pierre-Paul Renders et Denis Lapière a été affiné sur le mode du ping-pong : tour à tour, les deux auteurs amélioraient et peaufinaient la version de l’autre, en se renvoyant successivement leurs copies, jusqu’à parvenir à maturité. Le résultat produit une nouvelle fois un thriller efficace de 60 pages ; entendez par là qu’un héros idéaliste attachant court mille dangers, sur un rythme trépident, pour décrocher des révélations fracassantes. Puisqu’il faut pinailler, on relèverait bien deux petites facilités : primo, les compétences et l’engagement de Miep paraissent artificiellement boostés ; secundo, comment un secret scientifique de si grande ampleur peut-il être connu de tant de comparses (sauf du héros), sans avoir jusqu’alors fuité ? Le duo de dessinateurs ayant œuvré sur le premier tome est reconduit sur ce second volet, avec la même répartition des rôles et la même réussite (les personnages par Mathieu Reynès, les décors par Benjamin Benéteau). Faute de pouvoir assumer les 6 tomes dans un délai de parution si restreint (entre avril et octobre 2011), ce duo passera le relai sur les prochains tomes à 3 autres artistes : Ricard Efa, Emil Zuba et Luca Erbetta, se répartissant toujours les tâches en studio virtuel, à partir du storyboard entièrement posé par le seul Reynès. Un puzzle éditorial pour un puzzle narratif : logique !