L'histoire :
Londres, 1899. Le Docteur Thorne, un éminent psychiatre anglais, est attendu à l’hôpital psychiatrique de Bethelem pour y entendre un drôle de patient. Ex employé du Green Manor, un club chic pour gentlemen londonien, Below présente depuis peu des troubles graves de la personnalité. Le bonhomme se prend en effet pour la vieille bâtisse dans laquelle il a officié. Et c’est vrai que les murs du club en ont entendus de très étranges et des plus que sordides, pendant toutes ces années. L’ancien majordome ne se prive d’ailleurs pas de les raconter… Pourquoi pas, par exemple, ce jour d’octobre 1879, où les gentlemen ont pour sujet de causerie le crime dans toute sa perfection. Est-il possible de trouver un meurtre sans victime et sans meurtrier ? Et si les uns racontent des événements où il y a meurtre sans victime et d’autres dans lesquels, il y a victime sans meurtrier, seul le Docteur Byron semble détenir la solution… Il y aurait aussi cette nuit d’aout 1882 où, fier d’avoir mis sous les verrous le boucher de Westminster, le Détective Johnson se voit proposer un autre défit : empêcher un meurtre en en connaissant l’heure précise et le lieu, au risque de se retrouver lui-même assassiné… Et il en a tant d’autres à raconter, ce pauvre domestique qui n’a plus toute sa tête, que les oreilles de Thorne sont loin d’en avoir terminé…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour son Intégrale, regroupant les 3 tomes publiés à ce jour, notons que cette délicieuse série revêt des atours du plus bel effet : couverture épaisse imitation cuir à l’ancienne patinée par le temps, format, qualité du papier, cahier graphique en bonus… sont une belle invitation à découvrir ce bijou d’humour noir ganté d’une élégance british du meilleur goût. Car outre l’emballage, le bonbon est des plus savoureux. Il porte avec cynisme et causticité le raffinement du crime à ses plus hauts sommets. En 16 récits courts, vous allez faire connaissance avec d’éminents membres (jamais les mêmes et à des époques différentes) d’un club select londonien évoquant de croustillantes anecdotes criminelles : meurtres par jeu ou défi, par vengeance ou pour toucher le gros lot, alimentent le propos en des mécanismes parfaitement huilés. Car entre les mains du talentueux Fabien Vehlmann, chaque histoire courte est un véritable petit tour de magie : immanquablement, on est toujours piégé par l’énigme mise en place, bluffé par son élégance et son immoralité, mais on en connait toujours le truc, via une conclusion rassasiante comme pas deux. Et pour ce faire, le scénario n’utilise aucun artifice (fantastique, onirisme, violence, décalage…) mais simplement une implacable logique conférant à l’invraisemblable toute sa crédibilité. Vehlmann marche ainsi sans rougir sur les traces des maitres de l’énigme policière à l’ancienne (Agatha Christie et consorts) maitrisant la contrainte du récit très court avec brio : il parvient en un minimum de cases à nous faire prendre rapidement pied dans l’énigme. On admire d’autant plus facilement le génie du meurtre, qu’on se laisse surprendre par la conclusion sans l’avoir vu arriver. Le seul défaut à cet exercice court est d’empêcher tous rebonds ou savoureux développements (mais on en avale 3 ou 4 fois plus). Le dessin de Denis Bodart se charge, avec tenue, de restituer l’ambiance victorienne so british, nécessaire support de la série. Une indispensable lecture et en intégrale : un très beau cadeau.
